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Tassaft Ouguemoune

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  • Créé le : 05/09/2006 02:21
    Modifié : 10/02/2016 04:36

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    La montagne du Djurdjura : Le site et le mythe

    27/04/2007 03:40

    La montagne du Djurdjura : Le site et le mythe


    Réserve naturelle et lieu d’authenticité

    Djerdjer vogue dans les cieux,
    Nous, nous le suivons des yeux.
    Ne croyez pas qu’il s’est exilé ;
    C’est le l’Ahaggar qui l’a hélé.
    Le Chenoua trotte tel un perdreau
    Vers l’Aurès où tous vont se rencontrer.

    (Poème de Ben Mohamed chanté par Nouara)


    La montagne du Djurdjura fait partie du grand ensemble du massif kabyle désigné par les Romains sous le nom de Mons Ferratus qui englobait aussi la chaîne des Bibans. La crête du Djurdjura, au sens stricto sensu de la géomorphologie, se déroule sur environ 70 Km de longueur, depuis les hauteurs de Lakhdaria/Draâ El Mizan jusqu’au massif de l’Akfadou où elle s’abaisse vers la mer.
    Au sens du système montagneux alpin, de par sa géologie, ses altitudes et ses pentes, la croupe de la montagne occupe une longueur d’ouest en est de 50 Km et une largeur d’environ 9 Km.
    La colonne vertébrale de la géomorphologie kabyle est, sans conteste, la chaîne du Djurdjura, repère par rapport auquel tout le reste est situé, positionné ou nommé.

     

     Dans son roman ‘’La Terre et le sang’’, Mouloud Feraoun décrit cette crête comme un ‘’squelette de dinosaure’’. Ce tableau est particulièrement vrai quand on l’observe à partir des versants sud. La queue de ce ‘’reptile’’ serait la ligne allant en pente douce de Tizi Larbaâ à Tizi n’Djaâboub, ses ‘’vertèbres dorsales et lombaires’’ seraient les massifs de Haïzer et Lalla Khedidja, et sa tête se situerait à Azerou n-T’hor orientée vers le nord.
    Dans l’imaginaire kabyle, le Djurdjura constitue un mythe, sans doute même un mythe fondateur. Il sert pour ses populations de citadelle et de refuge, de sécurité et d’obstacle, d’atout et de contrainte tout à la fois.
    Sur le plan esthétique et poétique, la montagne est prise en charge par un ensemble de thèmes, de figures de style et d’allégories aussi beaux et aussi significatifs les uns que les autres.

    Signe de la pureté et de la vaillance, des immaculées origines et de l’inviolabilité de l’historique intimité, la montagne signifie pour ses habitants la dignité et l’honneur préservés. ‘’Qui veut d’honneur se vêtir, qu’il monte à la montagne et mange le gland à cupule’’, recommande le chanteur Idir.
    Elle est aussi le symbole de la résistance à l’oppression et à l’arbitraire. Blessé par balles par la gendarmerie en octobre1988, Matoub Lounès s’écrie ‘’S-adrar itwahha tmughli ma ikhelqed wajdid’’ (le regard se tourne vers la montagne s’il y a du nouveau).

    Avant le grand réveil du Printemps berbère de 1980, le poète Aït Menguellet rêvait de ce sursaut salvateur en disant dans sa chanson Aâttar : ‘’J’ai rêvé, comme ce fut vrai, que j’ai assisté au réveil de la montagne’’. Pour les exilés, elle constitue un lien et un cloison en même temps qui s’interpose entre le lieu d’exil et le pays natal. C’est Jean Amrouche qui hèle les montagnes dans ses ‘’Chants berbères de Kabylie’’ :

    ‘’Éboulez-vous montagnes
    Qui des miens m’avez séparé.
    Laissez à ma vue la voie libre
    Pour le pays de mon père bien-aimé’’

    Un écosystème particulier
    La montagne du Djurdjura constitue un écosystème botanique, faunistique et climatique qui lui a valu des réflexions scientifiques depuis le 19e siècle pour son éventuelle classification en réserve de la nature. Les sites qui étaient les plus en vue sont Tikjda, Lalla Khedidja, Tala Guilef et la cédraie des Aït Ouabane. Pendant la colonisation, la zone de Tikjda a pu obtenir un statut spécial par rapport au reste du territoire, ce qui préfigurait déjà une ébauche de parc naturel.
    Sur le plan réglementaire, c’est en 1983 que le massif du Djurdjura accéda au statut de Parc National (PND) sous la tutelle du Muséum national de la nature, réorganisé, par un décret datant du 9 février 1991, en Agence Nationale de la Nature (ANN) sous la tutelle de la Direction Générale des Forêts (DGF).

    Un ancien technicien autrichien, Mustapha Muller, ami de la Révolution algérienne qui a longtemps exercé dans l’activité des parcs en Algérie, témoigne : ‘’Très rapidement après 1962, et avec tous les problèmes qu’il y avait, l’Algérie pensait à la création de ces parcs nationaux. Un des premiers accords que la jeune république avait conclus avec la Bulgarie était précisément un accord sur l’élaboration d’un pré-projet de recréation du Parc National du Djurdjura. 1983 était l’année de la légalisation de ces activités avec la promulgation du décret présidentiel portant ‘’statut-type des parcs nationaux’’. (…) Je vois le parc du Djurdjura en premier lieu dans un sens de préservation d’un ensemble d’écosystèmes extrêmement précieux qu’il faut ouvrir aux scientifiques et à un tourisme-nature. Pas n’importe quel tourisme. On ne va pas dans un parc qui a une faune et une flore rares pour se ‘’défouler’’ ! Certains parcs, comme le Djurdjura, pourront devenir des sources en devises fortes grâce à une clientèle étrangère qui viendrait voir, et en deux heures d’avion de l’Europe, une faune surprenante et en liberté’’.

    La mission dévolue aux parcs nationaux se répartit en plusieurs actions, à savoir la préservation de la flore et de la faune et de leurs biotopes, la conservation des sites archéologiques, spéléologiques et géomorphologiques et le développement des activités de recherche scientifique et de vulgarisation. A cela s’ajoute les activités de développement rural particulièrement à la périphérie des zones délimitées puisque la majorité d’entre elles sont fortement habitées hormis le Hoggar- Tassili.
    La défense de la biodiversité est inscrite actuellement comme l’une des priorités de la communauté internationale.

    L’Algérie, signataire des textes relatifs à la biodiversité, compte 3.200 espèces botaniques dont 640 sont menacées de disparition comme le cyprès du Tassili, le sapin de Numidie et le pin noir.
    La montagne du Djurdjura compte, dans l’état actuel de la recherche, 990 espèces de plantes dont 32 sont endémiques, 145 rares et 70 très rares.
    Sur le plan faunistique, des espèces en voie de disparition trouvent dans la réserve du Djurdjura le refuge idéal pour leur préservation. Il en est ainsi de l’hyène rayée, la mangouste, la genette et quelques rapaces comme le percnoptère, le gypaète barbu et l’aigle royal. L’animal emblématique de ces tréfonds de montagne est sans conteste le singe magot qui vous accueille par quelque voie que pénétriez dans le Parc.
    Les oiseaux sont également bien représentés puisqu’on y rencontre pas moins de 114 espèces dont 47 sont migrateurs. Pour sauvegarder l’écosystème en place, l’administration du Parc a du pain sur la planche d’autant plus que la zone est très peuplée sur les deux versants de la montagne. Environ 80.000 habitants à la périphérie immédiate du Parc et 6.000 à l’intérieur même de la réserve. L’action anthropique est souvent dictée par des besoins incompressibles de pâturage, de coupe de bois et d’autres actions qui portent, d’une façon ou d’une autre, atteinte à l’environnement.

    Une dorsale du pays kabyle
    La délimitation du Parc du Djurdjura suit le contour des zones les plus sensibles écologiquement parlant, à savoir les forêts d’altitude (cèdre et chêne vert), les espaces intermédiaires qui pourront leur servir d’extension et les crêtes asylvatiques qui dominent les deux premières zones. Cela donne une superficie administrative de 18.550 hectares répartis sur deux wilayas : Bouira et Tizi Ouzou.

    Cependant, la chaîne du Djurdjura va un peu plus loin en pénétrant dans le massif de l’Akfadou, dans la wilaya de Béjaïa. Des techniciens et professionnels du domaine ont toujours rêvé de créer un autre parc dans la forêt de l’Akfadou, qui aurait un pied à Tizi et un autre à Bgayet, en raison de l’existence d’un autre écosystème strictement forestier et proche de la mer.
    Les villages kabyles accrochés sur les deux faces de la montagne et qui pendent à mi-versant de celle-ci relèvent de plusieurs communes : Iferhounène, Abi Youcef, Akbil, Iboudrarène, Ouacifs, Aït Boumahdi, Agouni Gueghrane, Aït Bouadou, Assi Youcef, Boghni,… sur le versant nord, et Aghbalou, Saharidj, El Adjiba, El Asnam, Haïzer, Taghzout, Aït Laziz et Bechloul,sur le versant sud.

    Ce vaste territoire appartient à deux grands bassins versants : la Soummam qui rejoint la mer au niveau de la ville de Bejaia et le Sebaou qui termine sa course à Tagdemt, à quelques encablures de la ville de Dellys. Le relief du Djurdjura est l’un des plus accidentés et des plus abrupts de l’Algérie. Les dépressions creusées à sa périphérie atteignent de très basses altitudes (300 à 400 m à Ouacifs, Ouadhias et M’chedellah), alors que les sommets de la chaîne caracolent à 2123 m (La Dent du Lion à Haïzer) et même à 2308 m (Lalla Khedidja). Ce qui le distingue notablement de l’Aurès ou du massif de Ouled Naïl où les reliefs les plus bas sont situés à 900 m, voire 1000 m d’altitude.
    Une très grande partie du massif du Djurdjura est formée pendant l’ère secondaire (le jurassique et le trias), soit depuis environ 140 à 200 millions d’années. L’axe de la chaîne est formé de calcaires liasiques (jurassique inférieur), durs et compacts, en bancs fortement redressés. L’assise inférieure est dolomitique (carbonate de calcium et de magnésium). Dans la partie supérieure, les calcaires deviennent marneux.
    Le relief d’altitude est de type karstique. Dès que la masse calcaire est en saillie au-dessus du niveau des rivières principales, les eaux de pluie s’infiltrent en profondeur. Elles taraudent la masse calcaire en utilisant les zones de faiblesse, les diaclases, joints qui vont s’élargissant. Les eaux organisent un véritable réseau souterrain comportant des puits verticaux qui crèvent la surface du plateau de gouffres appelés avens à l’exemple du gouffre d’Assouel qui descend à une profondeur de 900 m. D’autres multiples galeries garnissant les entrailles calcaires du massifs aboutissent à de vastes cavernes reliées par des boyaux étranglés, à l’exemple de la Grotte du Macchabée sur la façade d’Azrou n’Tidjer, dans la région de Aïn El Hammam.
    Cette grotte géante est splendidement ornée par des dépôts de carbonate de chaux, concrétions calcaires qui pendent au plafond de la grotte (stalactites) ou montent du sol (stalagmites). Les galeries de cette caverne sont étagées. Les plus hautes sont abandonnées par les eaux et les spéléologues qui les parcourent y observent des marmites torrentielles, des vasques et des cascades asséchées.

    Les eaux infiltrées dans la masse calcaire se rassemblent en véritables cours d’eau souterrains qui creusent leur lit comme le feraient des rivières superficielles.
    Les eaux finissent par ressortir en grosses sources appelées résurgences, comme les sources de Tala Boudi (à Aghbalou), L’Aîncer n’Vili (à Iferhounène), L’Aîncer Aberkane(à Saharidj avec un débit allant de 400 à 10.000 l/s) et la phénoménale source des Aït Ouabane captée pour les besoins en eau potable et pour la production d’électricité à Souk El Had des Yatafène.
    Tous les éléments de ce relief karstique aboutissent à des formes esthétiques qui rassasient les yeux, une architecture orographique faite de pitons, de crevasses, de gouffres et de brèches comme cette fenêtre unique en son genre appelée Le Belvédère, à quelques pas avant la belle pelouse d’Assouel. Le Belvédère ouvre une fenêtre dans la masse d’Azrou Gougane, juste à côté de Taltat appelée aussi Main du Juif. Il donne une vue exceptionnelle du massif de la Haute Kabylie (Beni Yani, Larbaâ Nath Irathène, Aïn El Hammam. En abaissant un peu les yeux, on peut admirer par voie aérienne, comme dans un avion, les pâtés de maisons de Timeghrass, Aït Boumahdi, Tiroual et Larbaâ des Ouacifs.

    Une curiosité topographique et esthétique est perchée entre la station de Tikjda et la réserve de Tala Guilef. Nous sommes à 1720 m d’altitude au sommet d’une crête qui n’en est pas une, et pour cause ! Une vaste étendue d’eau dépassant las dimensions d’un stade de football chevauche entre les wilayas de Bouira et Tizi Ouzou. Il s’agit du fameux Lac Goulmim (Tamda Ugalmim) qui ne voit disparaître ses dernières congères qu’au mois de juillet. Le lac naturel ne possède qu’une seule ouverture, celle débouchant sur le talweg appelé Assif Assouki l’Hennouts qui descend vers Ath R’gane et Agouni Gueghrane, dans la wilaya de Tizi Ouzou.
    En été, ce lac est un lieu de pèlerinage et de bivouac pour les jeunes des Ouadhias et des Ath Bouadou qui y montent à pied et pour les jeunes de Bouira et de M’Chedellah qui peuvent, eux, y accéder par un véhicule tout terrain mais bien solide, car la piste ralliant ce site à partir des hauteurs de Aïn Alouane est très difficile. Il existe aussi un chemin pédestre, long et éreintant qui monte vers le lac à partir de Tala Guilef et ce pour les visiteurs qui viennent de Boghni. D’ailleurs, l’itinéraire Tala Guilef-Tikjda constitue une expédition classique pour nombre de visiteurs et d’étudiants ayant eu à plancher sur la géologie, la faune ou la flore du Djurdjura.

    Le cèdre et le singe magot : témoins millénaires
    L’une des raisons essentielles qui ont attiré l’attention des pouvoirs publics et de la communauté scientifique pour classer la chaîne du Djurdjura en parc cette réserve naturelle, c’est bien la présence de cette espèce devenue rare en Afrique du Nord, à savoir le cèdre de l’Atlas. La cédraie du Djurdjura est un tissu discontinu. Elle se répartit en plusieurs massifs plus ou moins importants sur les deux versants de la chaîne.
    Le versant nord comporte deux importants massifs : la forêt des Aït Ouabane qui s’étend de Tizi n’Kouilal au col de Tirourda, importante futaie traversée par la piste du Génie militaire, et la forêt domaniale de Bou Djurdjura s’étalant sur le site de Tala Guilef sur les hauteurs de Boghni. Quant au versant sud, il compte le massif de Lalla Khedidja (sur le piton duquel trône le point culminant de l’Algérie du Nord : 2308 m), les cantons de Tikjda et Taouialt, et enfin la cédraie de Tachgagalt, sur les hauteurs de Haïzer et qui culmine à la Dent du Lion (2123 m).
    Genre noble de par sa beauté, son port, ses ramures rayonnantes, la qualité de son bois et surtout la longévité de son espèce. En effet, certains sujets sont deux fois millénaires, ayant germé sous le règne de Massinissa ou sous l’épiscopat de Saint Augustin
    Le cèdre de l’Atlas, arbre altier et orgueilleux, a souffert de l’inconscience et de la cupidité des hommes. Le dernier drame qui l’a frappé remonte au 30 août 2000 lorsque un feu venu du piémont et attisé par le sirocco atteignit la cédraie de Tikjda dont il décima 145 ha en plus de 200 hectares composés par d’autres espèces (pin d’Alep et chêne vert). Une partie de la forêt considérée comme la vitrine de tout le massif et épargnée par les bombardements de la guerre de Libération venait de partir en fumée.
    Une autre espèce, le chêne vert, à l’état pur ou mélangé avec le cèdre, occupe le canton de Timerkoumine, les hauteurs d’Ighzer Ouakour et d’autres petites poches disséminées ça et là.
    Une espèce rare, endémique du Djurdjura, a été identifiée en 1927 après qu’elle eut été découverte par un gardien au début du siècle. Il s’agit du pin noir (Pinus nigra mauritanica) se trouvant à une altitude de 1400 à 1500 m au niveau de Tikjda, sur une superficie de 2 hectares.

    La première étude qui lui est consacrée est une thèse d’ingéniorat d’État soutenue par M. Bouzid Chalabi en 1980. Il y montre la rareté et la fragilité de cette espèce. En effet, dans son gîte actuel à Tigounatine, il ne resterait que 12 sujets de pin noir.
    Le silence et la tranquillité des lieux sont les meilleurs facteurs pour la préservation de la faune ; une faune spécifique et une faune commune du Tell. Dans la première catégorie, le symbole des pitons, des crevasses et des grands rocs est sans conteste le singe magot. Il est propre aux montagnes de l’Afrique du Nord. On le rencontre depuis Azrou n’Tidjer, faisant la moue aux véhicules aux bruits desquels il a fini par s’adapter, jusqu’à Tala Guilef, en passant par Aït Ouabane et Tikjda.
    Parfois des troupeaux de 100 à 150 individus se resserrent pour former une meute prête à l’offensive en cas de menace imminente. Cela nous est arrivé sur les versant boisé de Taouialt, dans l’oued Tinzer. Nous n’eûmes pour seul refuge que des maisons abandonnées d’Agouni, en bas de l’ancienne RN 33.

    Sur les chemins de l’Akfadou
    Dans le silence spectral et la brise quasi permanente qui caractérisent les reliefs escarpés du carrefour administratif des trois wilayas de Bouira, Tizi Ouzou et Bejaïa, nous sommes happés par le paysage d’une beauté mystique aux confins immédiats d’Azrou n’Thor.
    Des falaises rocheuses auxquelles s’agrippent audacieusement des sujets épars de cèdre de l’Atlas, des pelouses verdoyantes propres aux sites alpins et des raidillons où sont marquées les traces de troupeaux de bovins paissant langoureusement depuis Taghalat ou Ath Ouabane.
    Le carrefour de ces trois départements de la Kabylie se situe au niveau du col de Tirourda situé à 1750 m d’altitude.
    Ce col constitue une ouverture de la montagne du Djurdjura entre Azrou n’Tidjer et Azrou n’Thor laissant passer la RN 15 qui joint Oued Aïssi à M’chedallah via Larbaâ n’Ath Irathène et Aïn El Hammam.
    Malgré l’absence d’infrastructures touristiques, l’itinéraire sur lequel nous sommes aujourd’hui a toujours été suivi par des équipes touristiques plus ou moins importantes venant des pays d’Europe et ce, jusqu’au début des années 90. Il figure sur tous les bons guides et agendas touristiques.

    A quelques kilomètres du Col en direction du nord, l’aiguille d’Azrou n’Thor prend l’aspect d’un ‘’hublot’’ à partir duquel il est loisible de contempler à volonté les dépressions des deux vallées : la Soummam et le Sebaou, à l’orée du massif de l’Akfadou qui commence à quelques encablures d’ici.
    L’ambition de cette région à accéder à une place touristique n’est que légitime. La féerie des lieux, l’originalité des paysages, la poésie et la musique dégagées par tous les éléments harmonieusement agencés nous mettent dans une ambiance de saisissement et de béatitude peu commune.

    Nous sommes à Tala Selgou, une source fraîche et abondante située au milieu d’une pelouse alpine au pied d’Azrou n’Thor. La montée du piton de la montagne n’est pas très difficile.
    Au fil des visites des touristes et des habitants des villages limitrophes qui lui organisent des zerdas chaque année, un chemin bien marqué a fini par être tracé sur le versant-est du mont et qui monte jusqu’au sommet de l’aiguille où est construit un mausolée à 1884 m d’altitude.
    Les villages qui organisent des fêtes et des offrandes au saint patron sont Takhlidjt Ath Atsou, Zoubga et Tirourda relevant tous les trois de la daïra d’Iferhounène.

    Pendant la fête d’Azrou n’Thor, les populations des villages voisins répartis sur les trois wilayas sont invitées aux cérémonies et aux agapes organisées à tour de rôle par l’un des trois villages cités plus haut.
    Des processions de femmes, de jeunes filles aux robes diaprées, d’hommes et d’enfants arpentent à pied ou en voiture les chemins montueux qui mènent au Pic du Midi (Azrou n’Thor). D’Ath Melikech, de Michelet, d’Aghbalou et d’Illoula, les caravanes humaines avancent sans interruption vers le lieu mystique.
    Le long de la crête de Tibbura Bugdel, nous voguons à cheval entre les wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa, entre Amalou (ubac) et Assamer (adret).
    Vers le nord-ouest, ce sont les villages de l’aârch d’Illilten que nous dominons d’en haut :Tizit, Taourirt Amrous, Ath Aïssa U Yahia, Ath Sider. Vers le sud-est, ce sont les villages d’Ath M’likech et d’Illoulen Oussameur que nous embrassons dans un rayon de vision assez large : Tansaout, Oumaraï, Tinesouine, Ath Ouadda, Ath Yahia, Ath Sellam, Tighilt Mekhlouf,…
    Ce sont des cantons densément habités mais où l’activité économique est tournée presque exclusivement vers l’oléiculture et l’élevage. Dans cette zone à fort potentiel touristique, aucune infrastructure en relation avec ce créneau important de la vie économique n’existe.
    En face des Ath M’likech, sur le versant sud-est, la commune d’Aghbalou relevant de la wilaya de Bouira dresse sa perle de villages et hameaux pittoresques : Ighil Azem, Ivahlal, Takerboust, Ath Hamdoun, Selloum. Sur les hauteurs d’Aghbalou, une source appelée curieusement Aïn Zebda déverse son eau fraîche et limpide directement sur la RN 15.
    Les automobilistes et les visiteurs y marquent une pause pour se désaltérer par temps chaud. Une bicoque de fortune propose aussi des boissons gazeuses et alcoolisées et des sandwichs. Dans le voisinage immédiat de la source, des enfants vous proposent des fruits de saison : figues, figues de Barbarie, poires, pommes, …etc. Après avoir déambulé sur des crêtes souvent dénudées et même rocailleuses, nous voilà passés au-delà de Tizi Ichelladen où le territoire montagneux s’engouffre petit à petit dans les ténèbres du massif forestier de l’Akfadou.

    Sur la ligne de faîte d’Azrou n’Ath Ziki qui sépare la wilaya de Tizi Ouzou de la wilaya de Béjaïa, l’observateur est embarrassé par la multiplicité des paysages bariolés, des villages étagés en terrasses et des hameaux regroupés en pâtés de maisons. Où tourner le regard ? Vers Haouara, Ath Salah, Takoucht, Agouni n’Teslit ? Vers le sud pour admirer Sid Ahmed Ousaïd, Timilouin, Issouane et El Matène ?
    Tout, ici, sent la féerie, la vie bucolique et la couleur du pays profond dont l’âme est demeurée inaltérée.
    Comme on reçoit en plein cœur l’authenticité, le labeur et les plaintes chastes des hommes accrochés aux vallons herbus et aux pitons rocailleux et ravinés.
    Le massif de l’Akfadou fait jonction avec les derniers contreforts du Djurdjura pour descendre, avec un relief plus ou moins adouci, vers la Méditerranée dont il reçoit les brises et les embruns.

    Tizi n’Tirourda ou les trois dimensions
    Parmi les brèches et les anfractuosités creusées par dame nature dans le roc de la chaîne du Djurdjura, le col de Tirourda est l’une des plus majestueuses. Elle fait partie des entrées réalisées par le travail de l’orogenèse pendant les ères du trias et du jurassique, il y a plus de cent millions d’années. En tous cas, c’est le passage de montagne le plus élevé d’Algérie du haut de ses 1750 m. La RN15, qui commence à partir de Oued Aïssi (Tizi Ouzou), monte sans relâche sur 56 Km jusqu’au col de Tirourda pour subir sa plus vertigineuse inflexion qui la conduira dans la plaine de Chorfa(Bouira) sur les rives de la Soummam.
    Porte mythique par excellence pour les habitants de la Haute Kabylie, on l’appelle souvent Tizi tout court, c’est-à-dire Le Col, un nom propre qui se suffit à lui-même parce qu’il est unique en son genre de par la forte altitude qui le caractérise et les difficultés qui en résultent. Cette ouverture constitue le passage obligé de la route, la RN 15, taillée dans le roc de la montagne sur pas moins de sept kilomètres. A la sortie de la maison cantonnière de Tizi Ldjamaâ, la route serpente en jugulaire sur la façade ouest de la montagne, suspendue entre ciel et terre. La route est crevassée à plusieurs endroits et s’affaisse carrément en certains points en raison des exploitations permanentes de carrières d’extraction de pierres. De ces dernières déboulent des blocs de plusieurs quintaux, voire de plusieurs tonnes, qui atterrissent violemment sur la route goudronnée. Il arrive même qu’une grosse pièce obstrue la route pendant quelques heures avant que des ouvriers la cassent et la fragmentent en plusieurs morceaux.

    Après avoir franchi deux petits tunnels situés respectivement à 1280m et 1320m, le chemin monte à la merveilleuse source de Vili qui laisse couler une eau fraîche et cristalline le long d’une conduite et qui retombe dans une vasque en béton dans laquelle s’abreuvent les vaches et les bœufs transhumant dans les alpages voisins. Un kilomètre et demi plus loin, une piste prend naissance sur la droite ; c’est la fameuse piste du génie militaire qui passe derrière le sommet d’Azrou n’Tidjer et la grotte du Macchabée et s’enfonce dans la ténébreuse forêts des At Ouabane, au pied d’Azrou Madène. Plus loin, elle assure la jonction entre Vili et le col de Tizi n’Kouilal.
    La RN 15 continue à monter, les singes magots prennent plus d’audace à se montrer et à s’agripper en véritables gymnastes aux branches flexibles des cèdres millénaires. Ils s’envoient des cris et des appels qui son inintelligibles aux hommes ; mais, on devine qu’ils sont dérangés par la présence humaine.
    Nous abordons ensuite une petite merveille de la nature et … des Travaux Publics coloniaux : la Porte Civeli. Ici, la route passe à découvert dans la roche tout en laissant sur son flanc aval un petit morceau de roc en aiguille ; et c’est pourquoi on a l’impression de franchir une véritable porte de la nature. A partir de ce point, la pente devient plus accentuée, s’approchant des 10%. Une vue panoramique s’offre à la vue du visiteur le moins passionné. En face, un tableau féerique met en évidence l’imposant pic d’Azrou-nT’hor haut de 1884 m d’altitude sur les basques duquel s’accrochent audacieusement des taillis de chêne vert et de beaux bosquets de cèdres. La façade est encastrée en pente vertigineuse dépassant les 200%. Tout à fait en bas, dans une dépression très ramassée, se love miraculeusement un village dont on aperçoit bien les toitures en tuiles rouges : c’est la fabuleuse Tirourda qui donne son nom au col qui la surplombe. Un peu plus loin, un autre village s’adosse aux pieds d’Azrou-nT’hor : c’est Takhlidjth n At Atsou qui est situé à peu près dans les mêmes conditions que Tirourda.
    Sur les fossés de la route des amas de neige et des congères sont encore présents atteignant parfois plus d’un mètre de hauteur. Le dernier virage aigu avant le col, exposé vers l’Est mais très abrité, voit son talus abondamment tapissé de neige. C’est le dernier endroit dans lequel se cache la poudreuse après avoir fondu sur l’ensemble du trajet.

    A l’approche du col, un vent persistant et glacial vous enveloppe malgré le soleil suspendu sur votre tête. Jusqu’au mois de juin, le soleil n’est d’aucun secours sur ses altitudes. Sur l’exact passage de montagne, le vent est à son apogée. Des troupeaux de bovins traversent la route. Le berger qui les conduit- cas très rare dans les alpages- nous apprend qu’il venait d’At Ouabane. Pour toute provision, il portait une besace pendue à son flanc gauche, dans laquelle il a certainement mis son déjeuner, et un petit poste cassette duquel sort la voix rocailleuse de Matoub. Une piste prend à gauche à partir du col de Tirourda et suit rigoureusement la ligne de crête jusqu’à Tizi Ichelladhen qui fait communiquer la wilaya de Tizi Ouzou avec la wilaya de Bgayet. En cours de route, le visiteur peut admirer le socle supérieur d’Azrou-nT’hor, les pelouse et les petits marécages de montagne au niveau de la magnifique source de tala Selgou.
    En continuant notre chemin sur la RN 15, nous entrons dans la wilaya de Bouira. La route fait un double fer à cheval éreintant d’autant plus que la chaussée s’est complètement affaissée sur plusieurs mètres. Des adolescents s’échinent à aplanir certaines crevasses en les comblants de terre. Ce travail de jeunes chômeurs venus par leur propre initiative réparer manuellement certains tronçons dégradés de la route est une expérience unique en Algérie. Personne ne les a recrutés, même pas le Filet social ou l’Emploi de jeunes. Qui les paye ? Eh bien, ce sont les automobilistes et les camionneurs qui passent par là. 10 da, 20 da, toute pièce est bonne à prendre. C’est normal, la nature a horreur du vide. En l’absence des services concernés, APC et Travaux Publics, il faut bien que quelqu’un d’autre répare, même manuellement, la route. C’est là l’exemple d’une région qui se prend en charge et dont les jeunes ne répugnent pas au travail quelque pénible qu’il soit.

    Un peu plus bas, une plaque nous apprend que nous sommes en plein Parc du Djurdjura et que la chasse et le dépôt d’ordure sont interdits. Après le grand lacet de route qui descend sur Aghbalou, nous arrivons à la source appelée bizarrement Aïn Zebda, un nom un tantinet excentrique sur de telles hauteurs. Cette source constitue un petit relais en germe. Outre l’eau fraîche et abondante qu’elle assure, l’endroit est le lieu de halte de plusieurs automobilistes et camionneurs pour déjeuner dans une gargote, acheter les fruits de saison et, pour les amateurs de Bacchus, s’approvisionner en liqueurs ou en boire sur place. Une animation conviviale habite ce lieu paradisiaque où l’eau fraîche et la nature sauvage se conjuguent avec la bonne humeur.
    Sur le point où nous nous plaçons, s’offre à nous le versant des At M’likech (wilaya de Bgayet) avec ses villages qui sertissent la moyenne montagne. Un cours d’eau, Ighzer n At M’likech, sépare la wilaya de Bouira de la wilaya de Bgayet. Il faut rappeler ici que ce cours d’eau a toujours été une limite, au moins depuis le 19e siècle. Du temps où l’Algérie était partagée en trois départements après les lois du Sénatus Consult, ce cours constituait la limite entre les départements d’Alger et de Constantine.

    Tout près de nous, nous admirons les Beni Ouamer avec Iguer Gouslène, Aït Yahia, Tinesouine, Taddart Gouadda et Tahammamt. Un peu plus loin à l’horizon, se dessinent les villages de Taghalat, Lamsallah, Orthène, Aïacha, Fdila et Taboudake.
    Les villages de la commune d’Aghbalou (w. de Bouira) sont suspendus sur les hauteurs de Tazmalt qui constitue leur débouché naturel. Ivahlal avec Ighil Azem, Takerboust, qui est le chef-lieu de commune, Selloum et At Hamdoun en sont les principales agglomérations rurales.

    Le col de Tirourda demeure un lieu mythique de par sa position excentrée par rapport aux principaux villages de la région, ce qui faisait de lui un lieu redouté par les voyageurs qui devaient faire face aux bandits de grands chemins qui, non seulement dévalisaient leurs victimes, mais elles les tuaient même. Les Igawawen qui faisaient le métier de colporteurs (vendeurs d’épices ambulants) et qui se rendaient dans la région de Bordj Bou Arréridj, Bouandas, Amizour ou El Kseur voyageaient souvent en groupes pour parer à toute éventualité ou mauvaise surprise.
    Du point de vue climatique, ce point constitue une zone exceptionnelle d’enneigement et de circulation des vents. Du temps où les voyageurs marchaient à pied ou sur des montures, des centaines d’entre eux furent tués asphyxiés par les rafales de vent chargé de neige et ensevelis par la suite sous des épaisseurs de neige dépassant les trois mètres. Leurs corps ne sont découverts qu’à la saison des fontes de neige.
    Le col, c’est aussi le lieu de présence des fauves tel le lion dont le dernier individu signalé aurait été abattu au début du 20e siècle. De même, c’est l’endroit où se dressaient les embuscades de voleurs et de bandits. C’est cette réalité historique qui a inspiré le passage d’Aït Menguellet dans sa chanson Imesbriden chantée sous forme de dialogue en duo avec Idir en 1992

    " - Faites attention quand vous abordez le Col

    Il y neige abondamment
    La route est obstruée.
    - Nous passerons ; il n’y a pas de voie difficile
    Ni de neige qui ne fonde pas entre les mains.
    - Faites attention quand vous abordez la Colline
    Une ombre y fait le guet.
    - Si c’est une personne, nous le prendrons avec nous
    Si c’est un fauve, nous en ferons notre dîner."

    Lieu d’une beauté splendide à la valeur touristique établie, aucun intérêt n’est jusqu’à présent manifesté par les pouvoirs publics à son endroit. Et pourtant, de par le passé, des touristes occidentaux avaient l’habitude d’inscrire dans leurs agendas l’itinéraire Larbaâ Nat Iraten, Aïn El Hammam, le col de Tirourda, Takerboust… Ighil Ali avec L’qelaâ n’At Abbas.

    Haïzer : quels horizons pour un village de piémont
    Tout dans le chef-lieu de wilaya de Bouira indique que Haïzer est là, dans les parages. Très présents dans la ville, les habitants de cette commune, qui est en même temps chef-lieu de daïra, descendent même pour de petites commissions, histoire de fixer ou d’honorer un rendez-vous dans l’un des café, très nombreux, qui parsèment la cité ; histoire aussi de s’informer de ce qui se passe, de se rendre dans un cybercafé ou de dissiper un cafard tenace.
    Mais le lieu d’élection de la communauté de Haïzer est certainement ce recoin du carrefour de Tikjda, en bordure de la RN 5 et où commence la RN 33 qui relie Bouira à Tizi Ouzou. Là, la station de transport vers les deux localités de Haïzer et Taghzout ne désemplit jamais de jeunes lycéens et de travailleurs s’apprêtant à rejoindre leurs foyer au bout d’une journée hivernale bien courte.
    Sous ce point de vue, la localité de Haïzer paraît comme une lointaine banlieue de la ville de Bouira. Elle n’est, en fait, qu’à neuf kilomètres à l’est du chef-lieu de wilaya.

    En empruntant la RN 33, l’on a en face de nous la muraille du Djurdjura dans sa portion la plus massive et la plus redressée. Les deux crêtes de Tajgagalt et Adrar n’Haïzer, délimitées par la Dent du Lion (une aiguille de 2123 m d’altitude), dominent la plaine de Oued Tessala et les plateaux forestiers de Tikboucht et d’Ighil Medjbeur.
    La différence d’altitude est énorme ; elle donne le vertige. Le village de Haïzer n’est qu’à 560 m et la Dent du Lion (Tamgout n’Haïzer) qui le surplombe est à 2123 m !
    C’est l’un des spectacles les plus éblouissants et l’un des panoramas les plus rares.
    Une telle situation aurait pu faire de ce village une station touristique des plus enviables si un plan de développement touristique y était mis en œuvre. L’idée est d’autant plus sensée que ce lieu est aussi le point de passage vers la mythique station de Tikjda située à quelque quinze kilomètres d’ici.
    Mais, pour l’instant, il n’en est rien. Haïzer reste cette cité hybride entre l’ancien village kabyle et la nouvelle cité qui n’arrive pas encore à trouver ses marques. Poussières ascendantes en forme de vortex en été, fange épaisse en hiver ; ce sont là les deux caractéristiques de ses venelles et même du ‘’boulevard’’ central.

    Le Haut-Haïzer, à l’image de Aïn Alouane était un no man’s land au milieu des années 1990. L’activité terroriste s’étendait jusqu’aux hauteurs de la circonscription de M’chedellah (Tizi n’Kouilal).
    Aujourd’hui, la vie reprend ses droits et la sécurité est rétablie dans toute la région.

    Les bois et les bosquets sur la route qui mène vers Tikjda reçoivent de nouveau des visiteurs en groupes d’amis ou en familles.
    Constitué principalement de pinèdes, le couvert végétal se termine au niveau du Parc du Djurdjura (Agouni Soulès et Ifri Aït Ouyahia) par le cèdre de l’Atlas, espèce noble dont certains sujets ont plusieurs siècles d’âge. Malheureusement, les incendies de 1994 ont largement affecté ce patrimoine. Après les deux dernières années où la pluviométrie a connu un volume fort intéressant (jusqu’à 1000 mm par an), la remontée biologique commence faire son travail. Des nappes de plants régénérés de pin d’Alep sont visibles un peu partout.
    Le secteur resté vierge jusqu’à présent est bien sûr celui du tourisme. L’aménagement d’espaces d’écotourisme dans le Parc national du Djurdjura conférera un autre destin aux agglomérations et hameaux de la daïra de Haïzer : possibilité d’investir dans le commerce, les métiers traditionnels, l’artisanat, l’hôtellerie et les autres services connexes.

    Pour peu que les pouvoirs publics tracent une politique claire et rationnelle en la matière et que la société civile et les professionnels du tourisme soient plus entreprenants, les villages de Tessala, Merkala, Izemourène, Tanagout,… etc. pourront devenir des villages alpins où, à l’harmonie et à la beauté de la nature, s’ajouteront de réelles perspectives de travail, d’investissement et de bien-être social.

    Les murailles d’Azrou n’Tidjer et la Grotte du Macchabée
    Nous sommes à Aïn El Hammam, ex-Michelet. Du haut d’Ighil n’Sebt (1232 m d’altitude), nous avons une vue sur un bel arc du Djurdjura allant des escarpements de Tabbourt El Aïncer, qui surplombent Boghni, jusqu’à Azrou n’Thor.

    La direction sud-ouest du regard tombe immanquablement sur la façade d’Azrou n’Tidjer, une muraille dressée au-dessus du cours de l’Oued Djemaâ, principal affluent de l’Oued Aïssi. La façade porte, comme des grains de beauté, deux petits cercles buissonnants accrochés à angle droit.
    Une petite ouverture, sous forme de sourcil bien arqué, se devine sur la partie gauche de la muraille. C’est l’ouverture de la mythique Grotte du Macchabée dont nous ne connaîtrons les véritables dimensions qu’une fois parvenus sur les lieux.

    Il faut alors se résoudre à ce voyage qui peut prendre 20 à 30 minutes en voiture sur la RN 15 jusqu’au carrefour de Tizi Ldjamaâ. De là, on bifurque à droite pour parvenir, au bout d’environ un kilomètre, à un grand sentier qui chemine sensiblement au pied de la grande muraille.
    Un raidillon aux formes fuyantes, tracé dans la paroi même de la façade d’Azrou n’Tidjer, prend naissance à équidistance entre les deux extrémités de la largeur de la masse imposante de la muraille.
    Le petit sentier monte verticalement ; les pas des visiteurs ont fini par y tracer de petites marches. Les jambes commencent à faire des ratés au bout d’une dizaine de minutes. On zigzague, on glisse sur de petits cailloux rondelets ou acérés et, dans un élan de courage bien nécessaire, on reprend ses forces en les projetant sur le restant du parcours à escalader.
    Pendant la colonisation, l’itinéraire vertical qui mène à la grotte était doté d’une corde d’ascension passée entre des pitons profondément fichés dans le roc. Certains de ces pitons sont toujours là, mais le reste s’est tout simplement volatilisé.

    Après une escalade qui aura duré en moyenne une demi-heure, l’on aborde une petite plate-forme située en avant de la porte d’entrée. Nous sommes à 1472 m d’altitude sous le géant portique qui annonce qui annonce l’entrée de la grotte, une entrée haute de pas de cinq mètres. Un chemin large et rocailleux pénètre dans les profondeurs ténébreuses. Ses parois sont marquées de flèches à la peinture pour indiquer la direction à suivre pour arriver au macchabée qui gît au fond de la grotte. A fil du temps, de mauvais plaisantins ont multiplié les flèches jusqu’à faire perdre son chemin au visiteur profane.
    L’importance de ces indications va se révéler au premier carrefour ; là, des chemins multiples sous forme de boyaux sont ‘’proposés’’ au convive du monde souterrain.
    Il faut non seulement être accompagné par un connaisseur, mais il importe aussi d’avoir sur soi des bougies et des allumettes pour baliser son itinéraire par des lumignons fixés à la paroi de la grotte et espacés de façon à ce que, à partir d’une balise, on puisse voir la suivante.

    L’architecture des stalactites et stalagmites est d’un spectacle saisissant. De longs et effilés appendices rocheux pendent du toit de la grotte en laissant tomber des gouttes d’eau fraîche avec un rythme de métronome. Des vasques et marmites ciselées par le travail inexorable de l’érosion qui a duré des millions d’années ornent le parterre rocailleux. Un silence religieux règne dans le ‘’hall’’. Un simple soupir ou une légère toux du spéléologue amateur sont amplifiées d’une mystérieuse façon en échos saccadés et qui s’éteignent graduellement à la porte d’entrée.
    Au bout de deux cent mètres environ, le chemin se rétrécit d’une façon incompréhensible. Des blocs de pierres solidairement emboîtés s’accrochent au toit et forment une cloison presque infranchissable. On a l’impression que le parcours prend fin et qu’il ne reste comme ultime solution que de rebrousser chemin en se faisant guider par les lumignons qu’on a fixés derrière soi.
    Il n’y a qu’un habitué des lieux qui peut vous apprendre que votre chemin ne vous a encore rien révélé des secrets, ou plutôt du Secret qui a motivé votre déplacement. Le froid permanent de ce monde intérieur pénètre insidieusement dans les os au moment où l’on se met à réfléchir à la manière de continuer son aventure.

    En s’approchant nettement de la cloison pierreuse, on s’aperçoit subitement et comme par enchantement qu’un halo de lumière recouvre l’autre compartiment en avant auquel on n’a pas pu encore accéder. C’est une menue brèche oblongue dans le sens horizontal qui donne accès à cette zone pénétrée par la lumière du jour. La surprise est de taille et la curiosité s’aiguise d’une façon irrépressible. D’où peut provenir la lumière du jour ? Les boyaux de la grotte transpercent-ils le roc de la montagne au point de donner sur l’autre versant ? Le mystère reste complet tant que l’on n’a pas gagné le compartiment tant convoité. Et comment faudra-t-il s’y prendre ?
    L’unique solution à laquelle sont réduits tous les visiteurs de ces entrailles de la terre est de se présenter par les pieds en se couchant sur le dos ou à plat ventre ; puis, on laisse glisser son corps de proche en proche sur une dalle obliquement incrustée jusqu’à sentir les pieds se reposer doucement sur le sol du nouveau compartiment. On relève la tête enfin, et une aveuglante lumière vient agresser les yeux, lumière blanche du jour qui pénètre d’un trou circulaire au-dessus du parquet.
    Une lumière qui ‘’pleut’’ et qui guide l’invité des abysses dans ses dernières pérégrinations.

    Quelques dizaines de mètres plus loin, on tombe droit devant un grillage de fil métallique recouvrant un cadavre à moitié dépecé. Un cadavre qui garde l’essentiel de sa peau mais à qui on a volé une partie des membres. Le froid permanent de la grotte a, en quelque sorte ‘’momifié’’ le macchabée.
    Chacun a sa version quant à l’histoire de cet homme qui a fini sa course dans le ventre de la terre et qui a vu sa dépouille couronner d’un destin peu commun. On raconte, entre autres, que c’était un berger qui aurait subi une chute à partir du trou ou pénètre la lumière du jour dans la grotte. Blessé, il aurait traîné son corps jusqu’au fond de la cave dans laquelle il repose depuis plus d’un siècle.

    A la sortie de la grotte où l’on regarde de face le panorama qui s’ouvre sur l’Oued Djemaâ, on est pris d’un vertige au sens propre du mot. Peu de visiteurs pourraient soutenir un tel exercice d’équilibre où l’on a l’impression que l’on regarde à partir du toit d’un avion ! Tizi Oumalou, Ichellibène, Aourir Ouzemmour, Akaouadj, Aït Mislayène, Aït Laâziz, Aït Khelifa, sont autant de villages qui sertissent les collines et les buttes, les vallons et dépressions des aârchs d’Abi Youcef et Akbil . Au pied d’Azrou n’Tidjer, prend naissance une source limpide et glacée qui déverse ses eaux dans Oued Djemaâ. Ce dernier alimente à son tour le nouveau barrage de Taksebt, dans la banlieue de Tizi Ouzou.

    La féerie de Tamda Ugelmim
    Parmi les sites les plus curieux mais qui n’ont pas connu une promotion particulière sur le plan médiatique, le Lac Goulmim est certainement celui qui mérite une attention et un intérêt accrus de la part d’éventuels visiteurs, amis de la nature ou âmes gagnées par l’angoisse existentielle.
    Un lac sur un sommet de montagne, ce n’est certainement pas ce qu’il y a de plus courant en Algérie et même de par le monde.

    Situé à califourchon entre la wilaya de Bouira et la wilaya de Tizi Ouzou, ce monument de la nature appartient réellement au bassin versant d’Assif Assouki , qui passe en contrebas d’Agouni Gueghrane. Il trône à 1660 m d’altitude avec une cuvette d’environ quatre hectares. C’est une dépression limitée par trois sommets assis sur des lignes de partage des eaux :Tizi n’Cennad, à l’est (1950 m), Tizi Taboualt, à l’ouest (1900 m) et Tizi Goulmim, au sud (2000 m).
    La dépression de Tamda Ugelmim résulte d’un travail géologique fort complexe associant les mouvements de la dynamique interne de la terre (orogenèse et plissements) et les phénomènes karstiques propres aux reliefs calcaires faisant intervenir un processus chimique.
    La cuvette semi-fermée du lac s’ouvre légèrement vers le nord pour laisser le trop plein d’eau se déverser dans Assif Assouki. C’est une plate-forme dont les limites sont des falaises qui dessinent une véritable reculée. Spacieuse, pittoresque et envoûtante, cette place est, en été, la destination privilégiée des jeunes d’Ath R’Guène, des Ath Bouadou et des autres villages du piémont pour un bivouac naturel ou pour une partie de football.

    Le pèlerinage et les randonnées commencent généralement au début de l’été lorsque les grosses congères auront fondu. Il ne reste alors que de petits amas de neige lovés dans les recoins et les échancrures du site. Pour s’y rendre, les jeunes d’Aït El Mansour, Aït Djamaâ, Aït Khalfa, Ibadissen,…doivent emprunter des chemins pédestres, montueux, cahoteux et éreintants. C’est une petite partie d’alpinisme avant d’accéder à la plaine sacrée de la haute montagne qui nous hèle à partir de son balcon perché à presque 1700 m d’altitude.
    Les bivouacs qui s’organisent sur ces lieux s’étalent sur plusieurs jours. Pauvre est certainement celui qui n’a pas pris part à l’une de ces agapes où l’on égorge et rôtit un chevreau offert par un berger. Le pauvre cabri s’est renversé d’une falaise, fait le tonneau et sortit avec plusieurs fractures. Pour ne pas perdre gratuitement la bête, le berger l’offre volontiers aux randonneurs et vacanciers qui, dans une liesse collective, n’en font qu’une bouchée.
    Le seul accès plus ou moins viabilisé vers le lac Goulmim est la piste qui vient de Tikjda, dans le territoire de la wilaya de Bouira. Cette vieille piste tortueuse et fortement rocailleuse prend naissance à l’extrémité ouest de la forêt de Tigounatine, en amont de Assif n’Tinzer. Elle dessine des angles aigus en fer à cheval que seul un véhicule tout terrain peut franchir avec, bien sûr, la gymnastique d’usage.

    Nous sommes à Tizi Boualma (appelée aussi Tizi Timedouine), à 1700 m d’altitude. Le chemin monte jusqu’à Tizi n’Tit n’Tserdount (‘’col de l’œil de la mule’’), à l’ombre d’un pic de 2126 m d’altitude. Ici, c’est un chemin pédestre qui évite les contorsions de la piste qui passe par Tizi n’Cennad. Arrivés à hauteur du lac, nous sommes happés par un saisissement presque surnaturel à la vue d’un panorama qui n’a pas son égal ailleurs.
    La fente nord de la dépression par où s’échappent les eaux excédentaires s’offre à la vue comme un véritable belvédère qui ouvre le champ sur la perle des villages du piémont et des vallées : Agouni Gueghrane, à l’est, jusqu’à Aït Djemaâ et Thakharradjit,à l’ouest.
    En l’absence de bergers et de visiteurs, l’oreille du solitaire devient hypersensible à cette brise permanente, parfois atone et d’autres fois sifflante, qui se faufile entre les rocs, pénètre dans les anfractuosités et les méandres des talwegs descendants, caresse les pitons et les quelques houppiers ballants de cèdre disséminés à l’hotizon. La brise finit par se perdre dans les hauteurs éthérées pour être relayée, sur les pelouses avoisinantes, par les beuglements de vaches et de bœufs sortis de quelque monticule ou vallon où ils paissaient dans un silence religieux.

    Du temps où s’organisaient les randonnées pédestres sous la conduite des agents du Parc du Djurdjura, et particulièrement de feu Mustapha Muller, le Lac Goulmim faisait partie de l’itinéraire sacré qui mène de Tala Guilef (sur les hauteurs de Boghni) à Tikjda (dans la wilaya de Bouira). La marche était promise à une durée moyenne de quatre heures sous la conduite vigilante et les explications précieuses de Muller.

    Mustapha Muller, un Autrichien qui a choisi comme patrie l’Algérie depuis la guerre de Libération nationale, travaillait au Parc du Djurdjura. Ensuite, il a été nommé au Parc du Tassili-Ahaggar. Mort au milieu des années 1990, il a choisi d’être enterré à Tamanrasset.

     

    par  : Amar Naït Messaoud

    Source : http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=39122&ed=MTQ4OQ==






    Ait Mimoun ou l’atavisme communautaire

    28/03/2007 21:13

    Ait Mimoun ou l’atavisme communautaire


    Ils étaient tous la à attendre la machine de l’entreprise qui devait venir de Mekla en passant par Michelet. Même l’imam a été invité à bénir le début des travaux. Des gâteaux et des boissons gazeuses ont été offerts à tout le monde, dans la satisfaction générale.

    Les habitants ne cachaient pas leur joie de voir enfin arriver le bulldozer de l’entreprise « Malek » qui s’est vue confiée les travaux d’ouverture de la piste agricole villageoise. Celle-ci sera longue d’environ 4,5 kms et servira à désenclaver les oliveraies du village puis aboutir au hameau Yahlem. Le projet de cette piste a été initié par les membres du comité de village qui ont profité de la visite du préfet pour le sensibiliser. Les villageois se sont organisés pour convaincre tout le monde et particulièrement les propriétaires de parcelles situées en bordure de la route nationale par où devait s’effectuer l’entame de la piste. Il faut savoir que plusieurs projets de ce genre dans la région ont été rebutés par l’opposition de certains propriétaires à courte vue qui n’acceptaient pas d’empiétements sur leurs parcelles. Mais ici, tous les riverains ont accepté de signer l’engagement exigé par l’administration. Une dame habitant Alger, médecin de profession, n’a pas hésité à donner son accord alors que sa parcelle est assurément de haute valeur. Et les membres du comité ne tarissent pas d’éloges à l’égard de cette femme qui a su prendre la mesure de l’intérêt collectif.

    Ait Mimoun se caractérise par une survivance remarquable de l’esprit communautaire. Les habitants ont élu un comité fonctionnel, comprenant des jeunes hommes, pour leur dynamisme utile dans les démarches administratives, et des sages pour le règlement des litiges. Les projets sont débattus démocratiquement et tout le monde a le droit de s’exprimer. Mais on notera la retenue naturelle qui caractérise les débats. Le village fait régulièrement sa toilette. Un groupe de vingt hommes, désigné selon une rotation hebdomadaire, balaie les ruelles et transportent les déchets au dépotoir. Cet intérêt pour l’hygiène fait que le village jouit d’une propreté exemplaire contrairement à nos villes devenues repoussantes. Une trésorerie est tenue scrupuleusement, à partir des cotisations des villageois, et permet de faire face aux dépenses collectives. Les frais funéraires sont pris en charge par la collectivité, ainsi que la rémunération du facteur. Le village bouge. Un foyer de jeunes est en voie de finition, des sources situées non loin de la ont été captées et acheminées à proximité pour parer au déficit hydrique en été.

    La piste agricole permettra la mise en valeur de parcelles jusque la inaccessibles. En parcourant cette agglomération, on replonge dans l’atmosphère, devenue rare, de la sérénité kabyle. Au fonds des petites ruelles, des vieilles en tenues immuables sont assises au soleil, témoins d’un autre temps, et vous lancent un bonjour affectueux. De jeunes femmes vous regardent sans fausse gêne. Il n’y en a aucune de voilée, la pudeur étant ici une vertu intérieure. On sent comme un lien invisible tissé autour des gens, une soudure humaine encore vivace alors que presque partout ailleurs, l’émergence d’un individualisme agressif a fait éclater le ciment social millénaire.

    Amarouche

    Source : http://www.kabyle.com/Ait-Mimoun-ou-l-atavisme,12023.html






    Parc national du Djurdjura : D’énormes potentialités touristiques

    01/03/2007 04:52

    Parc national du Djurdjura : D’énormes potentialités touristiques


    Avec le début de la fin de l’activité terroriste dans ce massif, tout porte à croire que les affluences d’antan vers cet important territoire vont ressurgir.

    Tout le monde est unanime aujourd’hui à affirmer sans réticence aucune que les cimes de ces fabuleuses montagnes du Djurdjura sont parmi les plus beaux endroits de tout le continent. Et s’il y a précisément un site touristique à promouvoir rationnellement, c’est incontestablement ce féérique massif qui cintre toute la Grande Kabylie. Il faudrait rappeler, à qui l’aurait peut-être oublié, que l’Unesco a reconnu ce parc en 1997 en l’incluant dans son programme sur l’homme et la biosphère. C’est ainsi qu’il fut inclus également dans le réseau mondial des réserves de la biosphère. Cette distinction facilitera toute éventuelle coopération et échanges internationaux.

    Il convient de signaler qu’un remarquable travail a été effectué depuis des années au niveau de ce majestueux parc. Avec le début de la fin de l’activité terroriste dans ce massif, tout porte à croire que les affluences d’antan vers cet important territoire vont ressurgir. Jadis, la réserve accueillait des dizaines de milliers de visiteurs parmi lesquels on trouvait les amateurs de la spéléologie, de l’alpinisme, du ski, du camping, des randonnées et de la photographie. En matière de faune et de flore, un titanesque travail de sauvegarde et de protection a été entamé depuis le début des années 80.

    D’ailleurs, c’est en 1983 que ce parc fut enregistré dans le cadre du droit algérien portant protection de 600 variétés végétales et plus de 100 espèces d’oiseaux, comme par exemple l’aigle royal, le vautour, le gypaète. Cette faune est également riche par sa diversité. Non seulement on rencontre ce beau singe Magot, mais encore plusieurs rares animaux qu’on aurait aperçu sur les deux versants de cet inouï Djurdjura. Sur le chapitre du tourisme, plusieurs types doivent être développés dans ce riche massif montagneux : du tourisme d’hiver à celui scientifique, en passant par le tourisme général. Il est temps pour les pouvoirs publics mais aussi pour les investisseurs de s’y mettre pour redorer le blason de cet endroit magnifique par l’implantation d’infrastructures touristiques tels que les hôtels, stations de ski, réseaux routiers... L’implantation de poles touristiques apportera à coup sûr des richesses et créera de l’emploi.

    En somme, il est grand temps de reconsidérer le Djurdjura pour que Tala Guilef (Boghni), Tabourth, El Ainser (Assi Youcef), la main du Juif, (Ouacifs) et un tas d’autres endroits paradisiaques ne soient que de vulgaires appellations. Sinon, ce serait un incommensurable gâchis. Au fait, ne dit-on pas : “Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir !”  

    par Idir Lounès

    La Dépêche de Kabylie 24/02/2007






    Souamaâ : Aït Zellal, un village qui s’organise

    26/01/2007 01:55



    La Dépêche de Kabylie 25/01/2007
    C’est là aussi où Ali Laimèche est décédé en 1946. “Aït Ahmed a été arrêté dans ce village, après son insurrection contre le régime en place. Chikh Amokrane, un homme mythique et un bohème de la trompe de Si Mohand U M’hand, est issu de ce village”, nous racontent les gens de ce même village.

     

    Beaucoup de villages de Kabylie sauvegardent avec soin les us et le mode d’organisation de la vie dans la cité. Parmi eux, le village Aït Zellal dans la commune de Souamaâ. Une virée courte dans ce village nous a permis de découvrir ce mode architectural particulier, mais aussi la mobilisation admirable des habitants de cette cité pour mettre en application un système d’organisation et de gestion dont tout le monde semble tirer satisfaction.

    Nous avons été accueillis par les membres du comité de village, dont le président. Sur la placette principale se trouve un café maure. A l’intérieur, les vieux s’adonnent à des parties de dominos. Des adolescents ont les yeux braqués sur les téléviseurs, suivant avec un vif intérêt un match que jouait la JSK. La cacophonie ne semble déranger personne, chacun s’adonne à sa passion sans sentir que l’autre le dérange. La rue principale qui se trouve au pied du village porte la plaque du chahid Boudjemaâ, premier martyr de la longue liste que ce village a enregistrée durant la guerre contre les Français. C’est rare de trouver dans ce village une ruelle baptisé ou portant un nom officiel. Aït Zellal ressemble à une cité bien encadrée, comparable à celles qu’on a connues il y a plusieurs siècles.

    On a appris à ne pas compter sur l’Etat, mais sur soi-même. Le président du comité nous explique que l’importante partie du village se trouve en haut. En sa compagnie, nous avons parcouru plusieurs ruelles. Le président est très estimé et sollicité. Il joue, à vrai dire, le rôle de maire du village. On le salue, on l’interpelle pour lui demander des explications, lui exposer des problèmes... etc. Il prend note et explique, chaque fois : la courtoisie et la fraternité coulent à flot entre les habitants et leur président. Avant de pénétrer au cœur du vieux quartier du village, on a eu à traverser le hall de l’ancienne mosquée ou tajmaât, lieu de rassemblement des villageois. Un décor formidable s’offre à nos yeux : d’interminables ruelles étroites ressemblant à celles d’une Casbah ; un étranger peut facilement s’égarer dans ce plan qui ressemble à un labyrinthe.

    Des groupes de vieilles assises à même le sol, s’adonnent à des palabres, tandis que les enfants s’adonnent à des parties de jeux à travers les ruelles. La politesse coule aussi à flot dans les cœurs des gens. On se salue indéfiniment. La plupart des habitants que nous avons rencontrés croyaient que nous sommes des agents de l’administration, soit de l’hydraulique, de l’APC, de Sonelgaz, etc. Il faudra à chaque fois, pour le président, expliquer que nous sommes de la presse.

    Selon les délégués, le village compte près de 6 000 habitants. En dépit d’un mode d’organisation très efficace, la cité souffre de multiples problèmes, à l’exemple de l’épineux problème de l’eau que les délégués ne cessent d’exposer aux autorités.

    Nos guides nous expliquent que le comité est doté de moyens. Le ramassage des ordures se fait par le village, des employés exercent d’une façon permanente. Il sont pris en charge par les caisses de la cité.

    Le village aussi ne souffre pas des maux dont sont victimes d’autres, à l’exemple des fléaux de drogue, d’alcool ou de vol. Il est vrai, à l’extérieur l’insécurité sévit comme c’est le cas partout ailleurs en Kabylie ; mais dès qu’on rentre au village les choses changent considérablement. Sur le plan historique, la cité compte parmi l’un des refuges les plus sûrs durant la révolution nationale. On compte un nombre de plus de 150 martyrs. “L’armée française a brûlé vif huit femmes et trois hommes pour avoir refusé de dire que l’Algérie est française”, nous raconte un délégué.

    C’est là aussi où Ali Laimèche est décédé en 1946. “Aït Ahmed a été arrêté dans ce village, après son insurrection contre le régime en place. Chikh Amokrane, un homme mythique et un bohème de la trompe de Si Mohand U M’hand, est issu de ce village”, nous racontent les gens de ce même village.

    Evidemment, Aït Zellal, un village typique de Kabylie, ne peut être décrit à travers ces quelques phrases. Il est une cité qui bouge, qui veut avancer, tout en gardant racine avec le mode de vie d’autrefois. Avant de se séparer de nous, les habitants nous lancent une autre invitation pour assister à la grandiose fête de l’Achoura qu’il compte célébrer le premier de ce mois de février.  

    par Mourad Hammami






    Nouvel an pas comme les autres

    13/01/2007 03:00



    Yennayer dans la tradition
    LA NOUVELLE REPUBLIQUE 11/01/2007
    On n’a pas le droit de gommer ce qui nous a toujours appartenu comme partie intégrante de notre patrimoine culturel et moral légué par nos aïeux.

    C’est le mois berbère de Yennayer qui frappe à nos portes avec son rituel, ses récits légendaires et son chapelet de souvenirs. Aussi, nous avons le devoir de l’accueillir, comme chaque année et à la manière de nos ancêtres avec la même ferveur, le même recueillement et tout le cérémonial habituel.
    De l’Egypte jusqu’au bord de l’Océan atlantique, à l’extrême Maroc, il existe encore des aires culturelles qui restent marquées par le poids des traditions anciennes indicatrices d’une identité. Yennayer en fait partie. C’est pourquoi, on se démène du mieux qu’on peut pour créer une ambiance de fête qu’on doit à ce mois sacré.

    De l’Egypte jusqu’au bord de l’Océan atlantique, à l’extrême Maroc, il existe encore des aires culturelles qui restent marquées par le poids des traditions anciennes indicatrices d’une identité. Yennayer en fait partie. C’est pourquoi, on se démène du mieux qu’on peut pour créer une ambiance de fête qu’on doit à ce mois sacré.

     

    Un mois vécu dans la ferveur et le souvenir

    Inévitablement, lorsqu’on revit un Yennayer, des chapelets de souvenirs nous reviennent avec des indicateurs d’appartenance à un ensemble géoculturel. Les nombreuses légendes émaillées pour la plupart de croyances superstitieuses et qui nous ont été rapportées de bouche à oreille, depuis les origines, situent bien le début de Yennayer dans le temps.
    Cela commence le 12 janvier au milieu d’un paysage généralement enneigé. Lorsqu’on demande aux plus anciens d’en parler, ils mettent surtout l’accent sur les chutes de neige qui coïncident avec la nuit du 1er Yennayer pour lequel on a toujours pris la précaution de faire une bonne provision de bois et de victuailles. Même si la famille avait préparé un repas des grands jours, on éprouvait du plaisir à manger des glands grillés dans le feu de cheminée ; ces fruits de saison sont d’un goût unique, en saison hivernale, où les nuits sont longues. Le temps paraissait plus long qu’il ne l’était en réalité; aussi se devait-on de s’entraider à le passer agréablement par des discussions sur les banalités de la vie où les récits de grand-mère.

    Ceux qui ont eu la chance de vivre intensément les nuits de Yennayer parlent de souvenirs, de repas pris à même le bol autour d’un grand feu de cheminée. Au menu, il y avait toujours le couscous garni de viande d’un coq de ferme. Ils se rappellent bien aussi des bûches de bois que l’on tisonne pour maintenir les flammes et les braises flamboyantes.
    Le coin du feu est une école qui assure la transmission par les vieux des principes de moralité et de l’oralité qui ont jadis guidés nos aïeux. A cette occasion, plus qu’en temps ordinaire, les aînés racontent dans une ambiance de détente toutes les légendes anciennes, contes, en rapport avec Yennayer.
    Pour agrémenter la nuit, des histoire pour rire
    «C’est à une véritable compétition qu’on s’adonnait jusqu’à une heure tardive de la nuit et à la lumière d’une lampe à pétrole, dit un participant à la veillée de Yennayer. Chacun essayait de trouver une histoire pouvant provoquer le rire, la détente, au lieu de la tristesse qui risque de tout gâcher».

    On raconte, par exemple qu’à l’occasion du nouvel an, un vieil homme est allé à la chasse pour rapporter de quoi garnir le repas de la veillée de Yennayer, prévue pour le lendemain. Le pauvre aïeul était parti au milieu de la journée, avait parcouru tous les endroits giboyeux, mais le gibier avait disparu, il pleuvait abondamment et le temps était glacial.
    Il rentra tard dans la nuit. Et, en plus de sa tristesse d’être revenu bredouille, on ne se dépêcha pas de lui ouvrir. «Ouvrez vite, répétait-il en tapant à la porte, sous la pluie battante. Pendant ce temps, son petit garçon avait renversé la lampe à pétrole qui s’était éteinte, son verre s’était brisé. La maison était plongée dans le noir, mais on réussit à trouver la direction de la porte qu’on ouvrit au chasseur qui se trouvait dans un état piteux. Il était mouillé jusqu’à la peau. Au lieu de se mettre en colère, il resta silencieux jusqu’au matin.
    A la place des grives, des perdrix ou d’un lièvre, on se contenta d’une vieille poule pondeuse même si sa chair est dure, pour le repas de Yennayer.
    On prévient aussi tout le monde que Yennayer peut passer devant votre maison sous une forme humaine, qu’il ne lui donne rien s’il vient taper à sa porte. Il lui fait vivre une année éprouvante.
    Une fois, c’est à la porte d’une femme qu’il vient demander l’aumône. La maîtresse de maison sortit en colère et lui dit de s’en aller vite sous le prétexte qu’elle était occupée à faire cuire des beignets. Yennayer prit la fuite mais fit connaître à l’insolente la pire des misères pendant toute l’année. Au Yennayer suivant, ayant appris que Yennayer était à l’origine de son malheur, elle reçut le déguisé généreusement et avec beaucoup de politesse. Ce qui lui permit de retrouver pour l’année suivante toute la prospérité d’antan.

    Des pratiques et rites régionaux pour fêter Yennayer
    Les moyens de communications n’ayant jamais existé, l’éloignement des régions, les unes par rapport aux autres, les populations n’ont jamais eu la possibilité d’unifier leur manière de célébrer la fête pour la vivre pleinement.
    Du côté de Beni Snous, on se prépare à l’avance pour l’achat des céréales à faire moudre, la réfection du kanoun, l’acquisition d’une nouvelle marmite quand les moyens le permettent. On consacre près de 15 jours à rassembler de quoi faire un repas digne de yennayer.
    A Tlemcen d’antan, moulins et fours qui avaient peut être beaucoup servi aux préparatifs, restent au repos pendant les trois jours. Dans l’extrême ouest de notre pays, il est des maisons où à l’occasion de yennayer, on jonche de feuillage frais la cour. Le même rite se retrouve en Egypte où il consiste à se laver avec l’eau dans laquelle on a laissé pour toute la nuit des plantes fraîchement cueillies.
    Les coutumes ancestrales de ces populations restées attachées aux croyances, sont fondées sur deux couleurs : le blanc et le vert. Le jour de yennayer on offre du lait ou on reçoit et on se procure des fruits, des tiges vertes de romarin, de lentilles, de fenouil, de caroubier ou d’asphodèles, sinon d’arbres bénis comme le palmier et l’olivier. Ceci pour que l’année soit blanche (symbole de pureté) et verte (symbole de renouveau et de prospérité).
    Ces tiges nouvellement cueillies ont une influence favorable sur le devenir de chacun. Pendant yennayer, il est interdit de rapporter des plantes ou des olives amères pour que nul ne connaisse l’amertume durant l’année ou de manger des plats à base d’aliments épineux pour vivre dans la douceur.
    Toujours dans ces régions de l’ouest, on refait le kanoun conformément à la croyance, pour le repas de yennayer. On se sert pour ce faire de matériau local privilégié pour des raisons religieuses, l’argile nouvellement extraite et soigneusement pétrie. On allume un feu d’alfa que les enfants sont allés cueillir plusieurs jours à l’avance et en assez grosse quantité.
    Le repas de yennayer doit être garni de viande. Au temps du dénuement, les hommes allaient en groupe chercher du gibier : perdrix, lapin de garenne. Dans le cas contraire, on tuait le coq élevé à la ferme familiale ou la parole. Les plus nantis sacrifiaient un mouton ou un chevreau pour distribuer la viande aux nécessiteux après en avoir gardé pour soi de quoi faire un bon repas.

    Dans certaines régions d’Algérie, on a recommandé aux arboriculteurs de ne commencer le ramassage des olives qu’à yennayer.
    En Kabylie, les semailles se font de préférence aux quinze premiers jours de yennayer. On en fait de même pour la plantation des arbres. Dans cette région montagneuse, on a jugé utile de préparer un repas copieux au soir de yennayer. C’est toujours du couscous garni de viande de coq à la crête rouge élevé aux alentours de la maison. En cette heureuse occasion, on donne à chacun le plus gros morceau de viande afin que personne n’oublie. Le coq qui a atteint au bout de quelques temps un poids impressionnant à une chair délicieuse et fondante, surtout lorsqu’on la fait cuire sur un feu de bois.
    Il arrive que le repas soit suivi d’un thé aux beignets. Cela se passe généralement lorsque des invités viennent se joindre à la famille sous le prétexte qu’il neige dehors ou d’un autre événement heureux, par exemple la première coupe de cheveux d’un garçon arrive dans le cercle familial, l’année précédente.  

    par Boumediene A.





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