C’est là aussi où Ali Laimèche est décédé en 1946. “Aït Ahmed a été arrêté dans ce village, après son insurrection contre le régime en place. Chikh Amokrane, un homme mythique et un bohème de la trompe de Si Mohand U M’hand, est issu de ce village”, nous racontent les gens de ce même village.
Beaucoup de villages de Kabylie sauvegardent avec soin les us et le mode d’organisation de la vie dans la cité. Parmi eux, le village Aït Zellal dans la commune de Souamaâ. Une virée courte dans ce village nous a permis de découvrir ce mode architectural particulier, mais aussi la mobilisation admirable des habitants de cette cité pour mettre en application un système d’organisation et de gestion dont tout le monde semble tirer satisfaction.
Nous avons été accueillis par les membres du comité de village, dont le président. Sur la placette principale se trouve un café maure. A l’intérieur, les vieux s’adonnent à des parties de dominos. Des adolescents ont les yeux braqués sur les téléviseurs, suivant avec un vif intérêt un match que jouait la JSK. La cacophonie ne semble déranger personne, chacun s’adonne à sa passion sans sentir que l’autre le dérange. La rue principale qui se trouve au pied du village porte la plaque du chahid Boudjemaâ, premier martyr de la longue liste que ce village a enregistrée durant la guerre contre les Français. C’est rare de trouver dans ce village une ruelle baptisé ou portant un nom officiel. Aït Zellal ressemble à une cité bien encadrée, comparable à celles qu’on a connues il y a plusieurs siècles.
On a appris à ne pas compter sur l’Etat, mais sur soi-même. Le président du comité nous explique que l’importante partie du village se trouve en haut. En sa compagnie, nous avons parcouru plusieurs ruelles. Le président est très estimé et sollicité. Il joue, à vrai dire, le rôle de maire du village. On le salue, on l’interpelle pour lui demander des explications, lui exposer des problèmes... etc. Il prend note et explique, chaque fois : la courtoisie et la fraternité coulent à flot entre les habitants et leur président. Avant de pénétrer au cœur du vieux quartier du village, on a eu à traverser le hall de l’ancienne mosquée ou tajmaât, lieu de rassemblement des villageois. Un décor formidable s’offre à nos yeux : d’interminables ruelles étroites ressemblant à celles d’une Casbah ; un étranger peut facilement s’égarer dans ce plan qui ressemble à un labyrinthe.
Des groupes de vieilles assises à même le sol, s’adonnent à des palabres, tandis que les enfants s’adonnent à des parties de jeux à travers les ruelles. La politesse coule aussi à flot dans les cœurs des gens. On se salue indéfiniment. La plupart des habitants que nous avons rencontrés croyaient que nous sommes des agents de l’administration, soit de l’hydraulique, de l’APC, de Sonelgaz, etc. Il faudra à chaque fois, pour le président, expliquer que nous sommes de la presse.
Selon les délégués, le village compte près de 6 000 habitants. En dépit d’un mode d’organisation très efficace, la cité souffre de multiples problèmes, à l’exemple de l’épineux problème de l’eau que les délégués ne cessent d’exposer aux autorités.
Nos guides nous expliquent que le comité est doté de moyens. Le ramassage des ordures se fait par le village, des employés exercent d’une façon permanente. Il sont pris en charge par les caisses de la cité.
Le village aussi ne souffre pas des maux dont sont victimes d’autres, à l’exemple des fléaux de drogue, d’alcool ou de vol. Il est vrai, à l’extérieur l’insécurité sévit comme c’est le cas partout ailleurs en Kabylie ; mais dès qu’on rentre au village les choses changent considérablement. Sur le plan historique, la cité compte parmi l’un des refuges les plus sûrs durant la révolution nationale. On compte un nombre de plus de 150 martyrs. “L’armée française a brûlé vif huit femmes et trois hommes pour avoir refusé de dire que l’Algérie est française”, nous raconte un délégué.
C’est là aussi où Ali Laimèche est décédé en 1946. “Aït Ahmed a été arrêté dans ce village, après son insurrection contre le régime en place. Chikh Amokrane, un homme mythique et un bohème de la trompe de Si Mohand U M’hand, est issu de ce village”, nous racontent les gens de ce même village.
Evidemment, Aït Zellal, un village typique de Kabylie, ne peut être décrit à travers ces quelques phrases. Il est une cité qui bouge, qui veut avancer, tout en gardant racine avec le mode de vie d’autrefois. Avant de se séparer de nous, les habitants nous lancent une autre invitation pour assister à la grandiose fête de l’Achoura qu’il compte célébrer le premier de ce mois de février.
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