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Entretien : Nordine Aït Hamouda, justicier et imprécateur ?«Je ne pense pas être courageux, j’essaie juste d’être honnête»
10/02/2010 22:51
Député RCD et vice-président de l’APN, fils du colonel Amirouche, Nordine Aït Hamouda a incontestablement gagné un prénom. Ses interventions à l’APN, diffusées par Internet, sont de véritables traitements de choc qui démontent le régime en pièces détachées. Lucides et courageux, pour beaucoup, provocateurs, pour quelques-uns, ses propos agacent ces derniers, déstabilisent d’autres et vont droit au cœur de très nombreux Algériens qui ne manquent pas l’occasion de lui faire savoir combien ils lui savent gré de dire tout haut, et à la face des gouvernants, ce qu’ils sont obligés, eux, la majorité, de penser tout bas.
Orateur au langage direct et sans apprêts, Nordine Aït Hamouda ne fait pas dans la dentelle, pas plus qu’il ne laisse indifférent. Avec des partisans acharnés d’un côté, et des adversaires tenaces de l’autre, il ne sait pas susciter de positions médianes. Il est comme fâché avec le juste milieu. Ce fonceur sait surprendre. Cela a été le cas lorsqu’un député s’en est pris à Hocine Aït Ahmed, profitant de l’impunité dont il croyait bénéficier en l’absence de députés du FFS. C’est Nordine Aït Hamouda, irrité que des demi-soldes d’un système de planqués s’en prenne à un homme de la stature du premier responsable de l’Organisation spéciale dans les années 1950, qui se dressera pour défendre l’image d’un nationaliste avec les idées duquel on peut ne pas être d’accord à un moment donné mais qui ne mérite pas ces attaques. Le député du RCD rappellera à ce sniper surprotégé qu’en défendant le président du FFS, il s’inspire aussi de cette vieille sagesse kabyle qui rappelle que «je n’aime pas mon frère, mais je n’aime que quelqu’un le frappe». Son vrai combat à l’APN, c’est, au fond, de rappeler que le statut de député est complètement expurgé de sa substance naturelle : la dignité. Député depuis plus de 10 ans, il fait ce terrible constat. Du fait d’un système de cooptation et de clientélisme qui passe par les urnes à double fond, l’APN est dans sa majorité non pas soumise mais asservie au pouvoir politique au point de s’illustrer comme le seul parlement au monde à n’avoir jamais — mais jamais ! — refusé de voter une loi venant du gouvernement. Cela ne s’est jamais vu ailleurs ! Du coup, l’APN n’est même pas une chambre d’enregistrement puisque, dans celle-ci, il y a au moins l’écho qui peut être sur une autre portée que la parole qu’il prolonge. Nivellement par le bas, formatage dans la production en série, les députés sont fabriqués à la chaîne pour être interchangeables dans l’écrasement. Sur les bancs d’une Assemblée plurielle par souci d’un pluralisme de façade, Nordine Aït Hamouda rappelle constamment à ses voisins de travées la longueur de la chaîne qu’ils portent. Il s’en prend sans gants au système qui, depuis 1962, se succède en tirant une légitimité dévoyée d’un mouvement national et d’une guerre de libération bidonnés comme de vulgaires choses. Le nombre impressionnant de faux moudjahidine, un autre record mondial, l’élévation de la statue de héros à des personnages au passé approximatif, sont autant d’arguments qu’il n’hésite pas à brandir pour surligner l’état de déliquescence morale qui favorise cette dissolution de toute valeur nationaliste dans les eaux troubles des intérêts immédiats. Quelle utilité peuvent, en définitive, avoir ses électrochocs ? S’ils ne ravivent pas l’expression démocratique et pugnace dans une Assemblée hypnotisée et consentante, ses prises de parole permettent de se souvenir que la position naturelle d’un député est de se tenir droit, au moins pour ne pas contraindre la colonne vertébrale. A. M.
Le Soir d’Algérie : C’est quoi un député en Algérie ? Nordine Aït Hamouda : Il faut malheureusement reconnaître qu’il y a une différence énorme entre un député algérien et ses homologues dans des pays démocratiques. Un député est censé être élu démocratiquement. Il vote des lois et exerce un contrôle sur les activités du Gouvernement. Chez nous, aucune élection n’est démocratique. Vous savez bien que le pouvoir a décidé que le RCD et le FFS auront toujours moins de 19 députés car la Constitution exige d’avoir au moins 20 députés pour avoir le droit de prendre des initiatives dans l’Assemblée. Dès lors que l’opposition ne peut pas intervenir, le député en Algérie est perçu comme un alibi du gouvernement qui agit à sa guise. Mais il faut aussi dire que le travail des députés du RCD ne rencontre pas l’écho voulu auprès de ceux qui suivent la vie parlementaire. Pour ces observateurs, seuls les clans qui se disputent le pouvoir dans le cadre du système en place doivent figurer dans la scène politique. Alors, entre la fraude, qui réduit considérablement le poids de l’opposition, et les observateurs, qui attendent de voir leur tuteur reprendre le dessus, le député qui a arraché son poste de haute lutte et qui joue son rôle comme nous le faisons au RCD n’a pas de chance d’être entendu dans les canaux traditionnels. Voilà pourquoi nous préférons médiatiser nos activités par notre site. Il faut rendre un grand hommage aux citoyens qui reprennent nos interventions et qui se les envoient par leur téléphone mobile. Des initiatives comme la vôtre sont salutaires mais exceptionnelles. Avez-vous le sentiment que les Algériens connaissent bien ce qu’est un député ? Malheureusement non, car les Algériens dans leur majorité n’ont pas accès aux débats de l’Assemblée. Le ministre Khoudri vient même d’interdire la présence des journalistes lors des débats en commission. Il faut aussi dire qu’ils n’ont de rapport avec leur député que si celui-ci est capable de leur régler un problème d’ordre personnel. Or cela n’est qu’une partie de la mission du parlementaire. Pour voir ce que peut faire un député, il faut pouvoir suivre ce que font les quelques députés du RCD qui n’écoutent que leur conscience quand ils interviennent. Or, je viens de le dire, pour la majorité des observateurs, même quand ils ne sont pas directement dans le pouvoir, la vie politique ne doit pas sortir des clans du système. Politiquement parlant, l’Assemblée dont vous faites partie est-elle réellement pluraliste ou alors la présence de députés d’autres couleurs politiques que celle de la nébuleuse de l’Alliance présidentielle n’est-elle qu’une sorte de leurre ? Il y a deux manières de voir les choses. Soit on se dit que le pouvoir est fermé définitivement et alors seule la violence doit être utilisée. Soit on se dit que la violence est la culture du pouvoir, qu’il n’y a pas de chance de sortir le pays de la crise en utilisant ses armes. Le FIS l’a essayé et on connaît le résultat. Ce sont ceux qui ont bloqué et ruiné le pays qui disent que si nous disparaissons, nous avons préparé pire que nous. A partir de ce moment-là, il faut prendre ses responsabilités. Occuper le moindre espace dans les institutions pour porter la voix des justes en sachant que les députés de l’alliance auront toujours la majorité, qu’ils lèveront la main comme le faisaient les béni-oui-oui dans la même enceinte à l’époque coloniale. Dans cette période de fuite et de démission, les citoyens savent que des députés sont restés dignes et courageux, qu’ils ont dénoncé le viol de la Constitution, la corruption, l’attribution occulte des marchés, la répression des travailleurs livrés à un syndicat maffieux… Ce travail, nous le faisons car il faut prouver aux citoyens qu’il est possible de se battre. Cela est important car nous devons montrer à nos concitoyens que le jour où ils pourront voter librement, c'est-à-dire que le jour où des observateurs en nombre et en qualité pourront empêcher les voyous qui volent le peuple de bourrer les urnes, ils pourront avoir des députés dignes de confiance. Mais je voudrais insister sur le fait que cette surveillance internationale est refusée par beaucoup de gens qui sont aujourd’hui contre Bouteflika mais qui veulent que la fraude profite à leur chef de clan. Ces gens sont plus dangereux que tous les Bouteflika réunis car ils trompent les Algériens en travaillant au maintien du système sous couvert d’alternance. Comment sont perçus les débats de l’APN ? Les débats de l’APN sont ennuyeux. Même avec sa majorité, le pouvoir utilise souvent le recours à l’ordonnance non pas parce qu’il a peur d’un vote négatif mais justement pour éviter des débats où nous pourrions intervenir pour dénoncer les abus et leurs conséquences. Mais tout le monde attend avec impatience les interventions des députés du RCD. La preuve en est qu’à chaque intervention d’un député RCD, la salle connaît un remou ou un incident d’audience. Quelle est, en gros, la composante de l’APN en matière sociologique ? Qui sont, en fait, les députés ? D’une manière générale, la composante de l’Assemblée couvre les clientèles du système qui sévit depuis l’indépendance. Contrairement à ce que l’on a souvent dit, les critères de sélection sont rigoureux. Il faut être corrompu ou soumis ou les deux pour être retenu. Dans le monde rural, les candidats se recrutent dans les réseaux familiaux ou d’affaires. En ville, c’est plus instable car les chefs de clan qui se disputent la rente doivent tourner pour faire manger les troupes. Mais, globalement, on sait qu’il y a peu de femmes et peu de jeunes. Peut-être que ces groupes sont moins faciles à manipuler. Je vais vous dire quelque chose que tout le monde susurre en cachette mais qui va choquer les «observateurs». Si on enlève le RCD et le FFS, la plupart sont d’accord pour attendre leur tour et profiter du pouvoir. En dehors de ces deux partis, je n’ai pas entendu des responsables s’engager et encore moins prendre un risque pour le changement de régime. Y a-t-il un profil général du député, selon vos observations in vivo, et quel est le parcours type pour en devenir un ? Il n’y a pas un profil général du député. C’est l’individu qui se met au service d’un chef de clan qui lui-même prête allégeance à des groupes occultes. Il assure de faire et de dire tout ce qui lui sera demandé, y compris de violer la Constitution. En retour, il peut commettre toutes sortes d’abus sans être inquiété. L’important dans le système algérien est donc la loi du milieu. Nous avons au sein de l’hémicycle des analphabètes jusqu’au professeur de médecine (les analphabètes se reconnaîtront). Pour le RCD, nous privilégions l’engagement politique et la loyauté envers les principes et le programme du RCD. Malheureusement, même nous, nous ne sommes pas épargnés par les pressions ou les tentations. Il est très dur de rester digne et honnête dans un pays où le pouvoir encourage depuis un demi-siècle la corruption et la trahison. Cette situation rend encore plus grands ceux qui ont su résister dans un milieu aussi pourri. Pour répondre à votre question d’une manière simple, pour devenir un bon député, il faut avant tout être un bon militant, loyal et convaincu. Quel est le comportement type du député lors des débats ? Propositions, contre-propositions, positions critiques, suivisme aveugle… ? Dans leur écrasante majorité, les députés lors des débats sont d’un suivisme aveugle. Le summum du suivisme a été perçu par les Algériens lors du vote sur la révision de la Constitution qui a donné la présidence à vie à Bouteflika. Seuls les parlementaires du RCD ont voté contre. Juste après le vote, beaucoup d’entre eux sont venus me voir pour me dire : «Nordine, j’aurais voulu voter comme vous, mais moi j’ai des enfants à nourrir», comme si cela pouvait justifier quelque chose. Ma réponse a été très dure : «Je vous comprends, moi je n’ai que des caniches à la maison». Vous pouvez voir sur notre site que nous interpellons les ministres à travers des questions écrites ou orales, que nous dénonçons les dérives de la loi de finances, que nous boycottons la plénière quand il y a violation des statuts… Naturellement le gouvernement ne répond pas en général, mais l’important aujourd’hui est de dire que tous les Algériens n’ont pas démissionné. Il y a toujours eu des gens qui ont combattu pour la liberté et la dignité. Mais il y a ceux qui militent pour faire aboutir un projet et ceux qui gèrent des carrières. Quand on lutte pour l’intérêt général, c’est plus facile pour les autres générations de se battre. Politiquement, l’APN vous paraît-elle utile à autre chose qu’à donner l’impression que le régime est parlementaire ? Beaucoup d’amis nous posent cette question, et notre réponse est toujours la même. Oui, notre présence à l’APN est utile, et, pour être provocateur, puis-je me permettre de vous poser cette question : et vous, et votre journal, ne donne-il pas aussi l’impression que le régime est démocratique ? Pour ma part, je suis de ceux qui pensent qu’il faut être dans toutes les institutions élues pour porter la parole des démocrates, car c’est la seule voie pour faire reculer l’arbitraire. Il y a deux autres solutions : se taire ou prendre le maquis. A combien revient le fonctionnement de l’APN à l’Etat algérien ? Le budget alloué au fonctionnement de l’APN est de l’ordre de 50 milliards de centimes, même s’il n’est pas possible de chiffrer de façon précise un tel budget car une partie est engloutie dans des dépenses non régulières. Mais je vais vous dire : ce n’est pas le prix du fonctionnement d’un parlement qui doit poser problème si celui-ci joue son rôle correctement. Il n’y a pas de démocratie sans vie parlementaire sérieuse. Il faudra un jour consentir à doter l’Assemblée d’un siège digne de ce nom, avec des bureaux pour les députés, pour leur permettre de recevoir les citoyens. Il faudra prévoir un budget pour ouvrir des permanences parlementaires dans les circonscriptions et payer des assistants qui doivent rester à la disposition des citoyens pendant que le député est à l’Assemblée. Maintenant, pour le travail de caution que fait l’APN aujourd’hui, son coût est inutile. Mais pour une véritable assemblée, il en faudra sans doute bien plus. Mais une fois encore, c’est la liberté des élections qui déterminera la légitimité de toutes les institutions. Pour nous, cela passe par une surveillance internationale massive et qualifiée. Aujourd’hui, c’est à cette proposition que nous jugeons les acteurs politiques. Ceux qui sont contre la surveillance internationale des élections ne sont que des exclus du système qui veulent revenir pour bouffer et maintenir les choses en place, c'est-à-dire laisser le peuple dans la misère. Pensez-vous que les députés disposent de trop d’avantages immérités proportionnellement à leur mission ou non ? Cela dépend de ce que vous appelez des avantages immérités. Les députés du RCD reversent une bonne partie de leur salaire à leur parti. Venons-en à vous. Vous êtes le fils du Colonel Amirouche, et certains disent que cela vous procure une certaine immunité. Que répondez-vous à cette lecture ? Ceux qui pensent cela sont des ingrats, des taupes du pouvoir ou les deux. Ils connaissent mon parcours. Dois-je leur rappeler que j’ai connu des licenciements parce que, précisément, en tant que fils du colonel Amirouche, je n’ai pas voulu me taire, et que j’ai connu les prisons de Tizi- Ouzou, de Blida, de Médéa et de Berrouaghia. De vous à moi, connaissez-vous beaucoup de fils de héros de la lutte de libération nationale qui ont mon parcours ? Peut-être que si j’avais une sablière, pris des milliers d’hectares, volé des millions de dinars, alors ces gens trouveraient cela normal. Encore une fois, cela n’a été ni la culture de mon père ni la mienne. Et ceux qui disent cela sont en général ceux qui ont participé au traquenard qui a coûté la vie à mon père au moment où il se rendait à Tunis pour leur demander des comptes et surtout exiger qu’ils rentrent se battre au pays. Ce sont les mêmes qui ont séquestré la dépouille d’Amirouche pendant 20 ans sans être inquiétés qui trouvent anormal que je continue le combat de mon père. Mais les langues se délient, des témoignages sortent. Non ! Pour être bien vu par le makhzen algérien, il ne faut surtout pas être le fils du colonel Amirouche qui s’est battu pour une Algérie qui est le contraire de celle d’aujourd’hui. Vos interventions à l’APN, diffusées par Internet, sont de véritables réquisitoires du régime, de ses hommes surtout. Pourquoi ce ton ? Quel ton voulez-vous que j’adopte avec un régime qui nous opprime depuis 1962 ? La situation est si grave pour le pays. L’Algérie est au bord d’une désintégration sociale et peut-être d’une désintégration tout court. Les citoyens qui mènent depuis dix ans un combat contre le terrorisme sont humiliés. Ce régime a «démocratisé» la corruption, et vous voulez que je sois serein ? Ce que j’ai dit lors de ma dernière intervention à l’occasion du débat sur la loi de finances, je le pense sincèrement : j’ai peur pour le présent et l’avenir de mon pays. Avec ce régime, nous allons tout droit vers l’explosion de l’unité nationale. J’ai bien peur que l’Algérie, telle que nous la connaissons, n’existera plus pour nos enfants. Et nous, nous n’avons pas de pays de rechange. Comment ces interventions sont-elles reçues par vos adversaires politiques ? En général et en privé, les gens me félicitent pour mon courage mais terminent souvent par une petite phrase : «Fais attention à toi, ces gens-là sont capables de tout». Dans le lot, certains sont sincères, d’autres ne sont que des émissaires de leur chef pour intimider. Mais il y a toujours, lors de mes interventions, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, un homme assez peu recommandable et dont le passé obscur est très bien connu à Batna, qui manipule deux députés de sa région pour essayer de me déstabiliser. Comme par hasard, ces députés ont déjà des dossiers au sein de la justice. Mais le problème, ce n’est ni ce ministre ni ces députés. Le problème, c’est le système qui a fait du premier un ministre et des deux autres des parlementaires alors qu’ils devraient être en prison. Dans la rue, les Algériens viennent vous féliciter pour votre courage. Que leur répondez-vous ? Il n’y a aucun courage à avoir à parler dans son propre pays. Des citoyens à l’instar de Djaout sont morts pour avoir dit et écrit la vérité. J’avais du courage quand j’ai milité en 1980 et que la police nous pourchassait, ou en 1985 quand j’ai été traduit devant la Cour de sûreté de l’Etat, poursuivi de l’article 77 qui prévoyait la peine de mort. En ce temps-là, il est vrai qu’il fallait être courageux pour s’opposer au système du parti unique. Dire la vérité actuellement, c’est juste être honnête avec soi-même et avec ses électeurs. Je ne vois pas quel courage il faut avoir pour venir à l’Assemblée parler, passer en direct à la télé et la fin du mois être payé. Je ne pense pas être courageux, j’essaie juste d’être honnête. Une des questions sur laquelle, à raison, vous ne laissez rien passer, c’est celle des faux moudjahidine et la falsification de l’histoire de la guerre de Libération pour la récupération et la fabrication minute de héros. Cette question vous occupe-t-elle en tant que détournement d’un fondement symbolique ou en tant que manipulation politique ? Les deux. Cette question est un fondement symbolique qui est sacré pour moi. Mais nous savons tous que c’est sur cette question que le régime a fondé et voulu légitimer son existence. C’est depuis 1982 que j’essaie avec d’autres camarades de combattre la manipulation du pouvoir de ce dossier. Je voudrais faire au passage une petite remarque. Quand j’ai soulevé ce scandale à l’Assemblée, ce fut un déluge d’attaques. Quelques semaines plus tard, l’historien Mohamed Harbi intervient à Constantine pour dire la même chose, ce qui est très bien, personne n’a rien trouvé à redire. Qui peut m’expliquer cette différence de traitement ? Le pouvoir algérien, pour s’attaquer aux véritables fils de chahid, a créé de faux fils de chahid, qui, en plus, président ces associations. Pour s’attaquer aux véritables moudjahidine, il a créé de faux moudjahidine. Le pouvoir, pour s’attaquer aux véritables héros, a créé de faux héros. Boussouf et Boumediene, qui ont été les précurseurs de ce détournement, sont toujours protégés et excusés. Mais le peuple n’est pas dupe. Quand j’entends le chef de l’Etat annoncer qu’il y aura en Algérie une histoire officielle, j’ai froid dans le dos. Je vous parie un kilo de sardines à Bouharoun que dans les prochains livres on nous affirmera que les plus grandes batailles de la libération nationale se sont déroulées au Mali. Vous savez, quand on détourne l’histoire avec tant d’acharnement, cela veut dire que l’on est capable de tout. C’est pour cela que, sur ce sujet, il ne faut jamais faire la moindre concession. Quelle est, selon vous, l’image que les Algériens ont des députés ? L’image que renvoie le député dans la société est globalement négative. Il est le reflet de cette majorité de députés arrivistes qui doivent tout à l’administration et qui sont surtout caricaturés par les mains levées synonymes de soumission et d’asservissement aux parrains qui les ont désignés. Triste record dans le monde, l’Assemblée algérienne n’a jamais rejeté un quelconque projet présenté par le gouvernement. Je vous laisse le mot de la fin… Dans ma dernière intervention au sein de l’hémicycle, j’ai dit que nous sommes assis sur un volcan. Je le pense profondément. C’est pour cela qu’il est plus qu’urgent de trouver des solutions radicales et immédiates à la crise de confiance qui règne dans notre pays. Dans le cas contraire, nous allons tout droit vers de graves problèmes qui pourront hypothéquer notre présent, mais pire, même l’avenir de ce pays. Ce sera mon mot de la fin. L’Algérie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, risque de ne pas exister dans un avenir proche.
Entretien réalisé par Arezki Metref
Source : http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/02/11/article.php?sid=95555&cid=40
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Internet / Algérie : "Google.dz" officiellement lancé
18/08/2008 14:23
"Google.dz" est enfin disponible : Désormais, les internautes d’Algérie pourront accéder aux plus fameux des moteurs de recherche par le biais de l’extension assignée au pays, c’est à dire DZ. Une donnée que l’on peut facilement vérifier en saisissant, dans la barre de navigation de son browser préféré, l’adresse en question.
Dans la correspondance destinée au webmestre de l’emplacement dédié à l’informatique et aux nouvelles technologies, la porte-parole avait laissé exprimer sa joie de la disponibilité de Google.dz pour les internautes algériens tout en révélant qu’il va y avoir, dans les semaines à venir, deux versions différentes. L’une en arabe,l’autre en français.
Par ailleurs, elle avait informé, que du côté de Google, on était au courant des petites difficultés rencontrées par un nombre « limité de visiteurs voulant accéder à Google depuis l’Algérie ». Elle a ajouté que ces problèmes ont été résolus.
Il s’avère ainsi que, ce qui pouvait sembler être une erreur technique, il y a quelques jours, est en fait un nouveau nom de domaine destiné aux utilisateurs des services de l’opérateur américain en Algérie.
Si l’on se réfère à la page de Google qui répertorie les différents pays où le moteur propose ses services, l’Algérie serait le 163 ème pays à bénéficier d’un domaine local. Aussi, faut-il le signaler, notre pays est le vingt septième pays africain à intégrer cette liste et le onzième pays arabe (après, par ordre alphabétique, l’Arabie Saoudite, Bahreïn, Djibouti, l’Égypte, Les Émirats Arabes Unis, la Jordanie, Libye, le Maroc, Oman, Qatar). Le retard relatif dans l’attribution de ce nom de domaine peut s’expliquer par la difficulté rencontrée lorsqu’il s’agit d’acquérir l’extension dz auprès de l’organisme qui gère le dépôt de noms de domaine internet en Algérie(Cerist).
Avec le lancement de google.dz, l’image de marque du portail, référence en la matière, se verra renforcée en Algérie. Inutile de rappeler qu’avec cette opération, les internautes algériens s’approprieront encore mieux le robot le plus efficace au monde.
D’un autre côté, le célèbre mesureur d’audience Alexa, lui aussi américain, a déjà attribué un classement à ce site. Google version Algérie est doté du numéro : 3 355 539. Cela va de soit que ce chiffre est appelé à diminuer vu le nombre toujours croissant des internautes algériens.
Source : http://www.latribune-online.com/l_info_en_continu/3928.html
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Guerre d'Algérie(Kabylie 1954-1962)
25/02/2008 01:38
Guerre d’Algérie 1954-1962 Accrochage à Iril El Arvi Iferhounéne Eté 1961, toute la région d’iferhounéne était plongée dans le noir d’une nuit fraîche sans étoile, ni clair obscur. À 150 mètres seulement du village est posté depuis 1956 le camp des chasseurs alpins entouré de fils barbelés et quadrillé aux quatre coins cardinaux par des blockhaus. Régulièrement les soldats roumi, accompagnés de supplétifs autochtones, venaient visiter le village non pas pour un Salem alikoum (1) plein de courtoisie pour ces kabyles à l’hospitalité légendaire, mais bien pour s'adonner aux fouilles et aux interrogatoires d’une population déjà fortement ébranlée par les premières exécutions sommaires et les fréquentes attaques nocturnes des éléments solidement armés du redoutable colonel Amirouche. (1) Salem alikoum : que le salut soit sur vous Cette horde de fse et fsna, vient souvent la nuit arracher brutalement à leur sommeil profond, ces montagnards innocents, primitifs j’allais dire sans aucune connotation péjorative. La trouille, la faim, le froid règnent déjà en maîtres absolus dans cette atmosphère de guerre, de mort. Cette nuit, ils étaient nombreux, ces fsna envoyés en renfort à partir de Palestro (2).Ces soldats français d’origine algérienne, on les appelait ici chez nous, les Imnouchens (2). (2) imnouchens : c’est le nom en kabyle donné aux supplétifs de la région de Palestro ( Lakhdaria) qui sont dispatchés sur d’autres régions de Kabylie Ces imnouchenes, vont se fondre dans cette compagnie composée de plusieurs sections de FSE, FSNA, et de harkis originaires des villages avoisinant. Il y en aurait même de nos voisins, sans doute un peu trop jeunes pour se manifester de façon agressive. Cette nuit qui restera gravée dans la mémoire de tous ces indigènes kabyles Sera témoin pour l’histoire de la Kabylie d’un violent accrochage entre fellaghas et les éléments supplétifs fsna, ces imnouchens, encadrés par les chasseurs du lieutenant HEIM. A contrebas du village iril El Arbi (Ath ARVI en kabyle) à 1 km à peine à vol d'oiseau et à moins de 3, en empruntant la piste carrossable et sinueuse, un dur accrochage venait de se produire, opposant un groupe de maquisards retranchés dans une grotte au lieu dit thilmanthine (3), aux militaires français qui les avaient encerclés. (3) thilmathine : champ situé à contrebas du village ATH ARVI, et surplombant le village TIKILSA, sur le trajet de l’oued Tirourda.Ce nom de camp, comme, il est courant chez les kabyles, est donné pour signifier les prairies. Cet accrochage va mobiliser des renforts militaires mais aussi des hommes kabyles puisés dans la population civile. Le repère des fellagas cerné, mis dans un état de siége, attendait des renforts et des munitions du camp d’iferhounene. Il était à peine 6 heures ou 7 heures du soir. Une section complète des chasseurs alpins, dans laquelle figurait le redoutable harki du nom de Mohand T s’est déplacée au village vers 8 heures du soir pour réquisitionner, hommes et bêtes de somme, et mon frère abdallâh, Houche Tahar, Si Hadj Mohand s, Belkadi A, Samer M feront partie du lot. Ils seront sans doute utilisés comme instruments, moyens ou Simplement comme chair à canon dans cette sale besogne : assurer l’acheminement des caisses de munitions, et des rations alimentaires pour ces embusqués dans la forêt au pied du piton sur lequel de loin, nous apparaissait, perché au sommet, le village Iril El Arbi. (4) (4) Iril El Arbi : nom donné par la France coloniale au village kabyle ATH Arvi , situé entre les villages de Soumer et Iferhounéne. Le chemin emprunté, accidenté, s’étirant sur un relief escarpé, avait été bifurqué sciemment pour éviter tout accrochage ou embuscade qui seraient provoqués par la présence d’éventuels groupes de fellaghas qui font légion dans cette partie du territoire. Le convoi doté de bêtes de sommes devait emprunter un itinéraire des plus irréguliers, pour tromper sans aucun doute la vigilance des guetteurs kabyles qui se sont montrés très efficaces dans leurs missions courageuses et dangereuses. Au départ du village, le harki notoirement connu en l’occurrence Mohand T. commençait à proférer des menaces en direction de mon frère Abdallâh qui devait avoir à cette époque à peine 17 ans. Il avertit d’emblée les autres supplétifs et harkis en le désignant tout de go, qu’il ne fallait , en aucun cas faire confiance à un frère doublé de fils de fellagha, à ce jeune à la tête dure et dont les prédispositions à devenir terroriste ne trompent personne. Son frère, son père, son oncle et ses neveux sont des maquisards de première heure, et tous sans exception ont été abattus, pour le grand bonheur de la France coloniale certes mais non pour ce harki qui se bat pour une cause perdue d’avance au mieux, au pire pour un idéal qui n’en est pas un. On s’avisa, bien sur , vite de l’isoler du reste du groupe de civils kabyles réquisitionnés pour cette opération - le harki Mohand Précisait de plus en plus sa menace de tuer mon frère dans le cas ou il ne coopérerait pas. Il s’adressa à lui en ces termes, pour, d’abord le terroriser : - « Avec la volonté de Dieu, ce sera aujourd’hui ton dernier jour. tu ne reviendras pas vivant de cette opération. je te le promets » La réponse de mon frère ne s'était pas faite attendre et , le moins que l’on puisse dire est qu’elle était chargée de toute la rage et du dégoût que l’on doit à cet ennemi , le colonialisme français ,qui l’avait déjà privé de tous les soutiens dont il pouvait avoir besoin dans pareilles situations de guerre : son frère Chérif tué en 1957 au village Mahmoud , son père Hanafi , froidement assassiné , sa tante Zineb , tuée dans une embuscade ,à Ait Ouatas lors de l’opération jumelle, son oncle Mohand Ouamar tué dans un accrochage non loin de Bouessaoud , à la même époque , son neveu Mbarek également tué dans une embuscade non loin de ichariden en 1960. Sa voix se fit alors défiante, entrecoupée de sanglots, il perdit à ce moment, toutes ses inhibitions devant cet ennemi ignorant le bon sens et la logique des choses. Il cracha alors son dégoût dans un ultime courage d’un jeune homme dont on s’attelait à briser la personnalité, la virilité, l’existence même en tant qu’homme. Son équilibre psychologique risquait alors de prendre un coup, et il ne pourrait s’en remettre de cette épreuve qui était faite pour le marquer à jamais, s’il s’en sortait vivant. C’est le traumatisme irréversible, ce que les stratèges coloniaux font passer dans leur opinion publique en usant de termes cyniques, effrontés et éhontés : les dégâts collatéraux. Il était dans un état second , et il avait un instant perdu tous ses freins psychologiques,et dans une sorte de prière adressée à Dieu ,pour une dernière fois , s’adressant au harki qu’il arrosa copieusement de paroles assassines ,mais néanmoins venues du fonds du cœur : - « Si Dieu le veut bien, tu périras avant moi ! Oh Mohand T. Je suis très confiant en Dieu, et quelque chose me dit que tu seras mort avant moi. Donc je survivrai bien longtemps à toi. Tu auras tout le temps de le vérifier ». En effet, la suite des événements, et l’avènement de l’indépendance nous confirmerons que cette prière sera non seulement entendue mais qu’elle sera exaucée dans des conditions horribles. Dieu n’a t-il pas été clément envers les égarés ou bien a-t-il réservé au péché le châtiment idoine ? A cette réplique Mohand T réagis avec stratégie pour se venger de ces offenses venant d’un fils de fellaghas, d’abord en encaissant le coup, et ensuite en tentant d’exposer sa victime à la vindicte des harkis, fsna et fse tous confondus. Les soldats présents, emportés par le manége de Mohand T qui avait mis toute la force de ses arguments et son énergie pour attirer la méfiance sur lui en le présentant comme un fils, également un frère, ensuite un neveu de fellaghas. puisque toute la famille est considérée « famille de fellagas ». En effet cela se justifiait amplement dans les faits. Les arguments que ce harkis haineux avait déployés ne nécessitaient pas trop d’efforts et valaient autant de preuves irréfutables, pour être acceptés, avalés même sans difficulté par cette bande très encline à tuer tout ce qui leur paraissait à leurs yeux, de prêt ou de loin, ressembler aux fellaghas, dans ce bled qui, pourtant les a vus naître et souffrir et grandir. Il finit donc par faire admettre aux autres soldats que ce jeune Abdallâh n’était autre qu’un indicateur des « fels » (5), et donc un futur fellagha en puissance. (5) Fels : diminutif de fellaghas : mot utilisé par les colonialistes pour designer les maquisards algériens. les artisans de la colonisation usent beaucoup de termes méprisants comme : fellouzes, les rebelles, les terroristes. On isola abdallâh des autres et on l’attacha à un des ânes qui ont servi à transporter les munitions et les provisions alimentaires sur les lieux où se déroulait le bouclage. toute la nuit durant , tout ce monde attendait le lever du jour pour lancer une offensive sur les éléments FLN , encerclés depuis déjà plus de 24heures, retranchés dans ce trou qui surplombe la position des militaires de l’armée française., sans que ceux ci puissent les atteindre.. Un véritable siège qui a duré jusqu’au matin. Les 3 maquisards ne pouvaient alors s’échapper du trou dans lequel ils s’étaient terrés. A ce moment, les éléments qui encerclaient la grotte se mettent à attaquer nos 3 djounouds usant d’un feu nourri de toutes leurs armes y compris le gaz asphyxiant. « Les rebelles » acculés sans doute par la puissance de feu et bientôt la raréfaction de l’air à l’intérieur de la grotte à cause de la fumée qui avait envahi l’atmosphère. gênés dans leur respiration par les gaz,ils se sont mis à tirer presque au hasard et subitement, nous voyons, l’un d’eux surgir du trou de la grotte, donnant l’impression d’être éjecté, propulsé par une catapulte. Il fut accueilli en l’air, par un feu nourri. Et pendant qu’il culbutait dans l’espace, il tressautait à l’impact des balles des armes qui continuaient à déverser sur lui un déluge de feu. Il continua son vol plané sur une distance de plus de 100 mètres pour atterrir dans une cuvette, une sorte de bassin rempli d’eau de rivière d’une profondeur de 1 mètre. On pouvait alors très visiblement distinguer le corps de cet homme de corpulence, Ouazzeddine, un natif de Taourirt BOUDHELES, un village non loin de TIFILKOUT. Mitraillette aux poings, il atterrit au sol la tête en bas et les pieds en haut, au bord du bassin du roumi, en kabyle thamdha ouroumi (6) sa mitraillette lui ayant échappé des mains ira se flanquer contre le talus, quelques mètres plus haut que son corps terrassé par les balles assassines qui ne cessèrent de lui transpercer le corps. (6) Thamdha Ouroumi : traduit littéralement : la mare du Roumi, un espèce de bassin naturel formé dans l’oued Tirourda. À cet endroit la profondeur de l’eau pouvait atteindre pus d’un mètre. A ce moment, Plus aucun tir, un silence macabre envahit l’atmosphère. On obligea alors mon frère à descendre au fond de la rivière ou gisait le corps inanimé du moudjahid.un homme robuste ,80 kg, beau, perdant son sang dans le bassin débordant d’eau de rivière. Il devenait de plus en plus clair,et sa peau prenait une couleur argentée, en même temps que son visage s’illuminait,pour donner l’impression d’un enfant qui dormait d’un sommeil tranquille, un bébé détendu , à qui ne maquait que le sourire pour rayonner de toute son innocence et sa splendeur. Il venait de nous quitter, pour de bon, et les multiples tentatives pour le remonter au niveau du groupe qui juchait au-dessus de la tête de Abdellah, mon frère, ont été vaines tant cet homme paraissait, à cause de l’effet de l’inertie, peser plus de 200 kg. d’une part , et le relief escarpé ; ne permettait même pas d’essayer de crapahuter avec un poids de cette taille sur le dos, d’une autre part. On commença alors à lapider mon frère du haut du talus, en se moquant de lui. Pendant qu’il essayait en vain de remonter ce corps qui, maintenant a perdu tout son sang et, devenu très clair et brillait à la lumière du jour, on dirait un poisson argenté qui scintille aux rayons du soleil, on ordonna à mon frère de desserrer la ceinture du mort et de récupérer ses rangers.Ce qu’il fit sans protester. Pendant ce temps, les harkis continuaient de lapider, en bas, mon frère. On lui demanda de reconnaître le fellagha.en vain. Mohand T s’improvisa alors meneur de l’interrogatoire : - « le connais tu ? » demanda t il à mon frère. - « non ! » lui répondit il, sèchement. Vers 10 heures trente, arriva alors sur les lieux, le lieutenant Boucher en provenance du camp…. Il vint immédiatement aux informations.Un compte rendu rapide lui fut fait par les harkis zélés. Et c’est à qui narrer les faits le plus promptement au lieutenant. : 3 MORTS, dont 2 par asphyxié à l’intérieur de la grotte. Tous fellaghas armés. deux seront vite identifiés par nos villageois sans que les militaires n’aient obtenu de précision : Hormis celui dont nous avions parlé plus haut , enl’occurrence Ouazzeddine , le deuxième , Ali serait d’origine de Ait NZER , un village non loin de Ahdouche.Quant au troisième personne ne pouvait donner une quelconque indication à son sujet.Observant la situation lamentable dans laquelle se trouvait ce jeune kabyle de 17 ans, mon frère en l’occurrence, Le lieutenant qui venait d’arriver a vite compris qu’il pouvait être en danger de mort. , en voyant l’acharnement des soldats fsna.il ordonna alors à tous les soldats de cesser ce manège. Quelques Imnouchens continuaient cependant de lapider donnant l’impression de se ficher royalement de leur supérieur. Pris dans un accès de colère, le lieutenant menaça alors quiconque continuerait de lui désobéir. il ordonna que l’on cessa toute agressions contre mon frére.il prit alors l’initiative du commandement et demanda du haut du talus, à Abdellah , pendant que ce dernier continuait à tenir compagnie au cadavre du fellagha : « est ce que vous pouvez comprendre ce que je peux vous dire ? ».MOHAND T s’empressa de traduire en kabyle les paroles du lieutenant en assortissant ces paroles de menaces. « Il te demande est-ce que tu vas répondre à ses questions en disant la vérité ? » Réponse de mon frère Abdellah en kabyle : - « mon lieutenant, il veut me tuer ! » Le lieutenant Boucher : - « demande lui de choisir quelqu'un pour lui traduire ce que je dis ».on lui expliqua ce que venait de dire le lieutenant .Il s’empressa, cependant de répondre toujours en langue kabyle : - « expliquez à mon lieutenant que je ne peux accepter comme interprète ni Mohand T ni Y.M, Ni BM, » Le lieutenant : - « alors qui veux tu prendre comme interprète pour te faire comprendre ? ».Et mon frère Abdellah de répondre : - « je veux que ce soit Mohand Ouidir Ath M qui traduise ce que je dis au lieutenant et qui m’explique ce que me réponds le lieutenant" » Alors le lieutenant commença à poser ses questions - « pouvez vous reconnaître le corps de ce fellagha mort qui est devant vous ? » Le supplétif MOhand Ouidir Ath M traduisit cette phrase non sans encourager mon frère : - « Écoute !il te demande si tu connais cette personne qui gît devant tes pieds, vas y parle ! Ne soit pas effrayé. Tu n’as rien à craindre. J’arrangerai la traduction. Il te suffit de remuer les lèvres, le reste je m’en occupe » En même temps qu’il traduisait Mohand Ouidir Ath M. encourageait mon frère.Reprenant son courage à deux mains, mon frère finit par dégeler sa situation et se mit à déverser toute sa rancune sur ce supplétif, qui lui avait jusque là rendu la vie très dure, en l’occurrence Mohand T, puisque l’occasion d’or venait de lui être offerte par ce harki et non moins patriotique Mohand Ouidir ath M. Pris dans cet élan sentimental, il finit par se hasarder dans une aventure de discrédit du terrifiant Mohand T. - « écoute Mohand Ouidir Ath M , je te demande de traduire intégralement ce que je vais dire au lieutenant Boucher , que j’ai été frappé et menace par Mohand T. dis lui qu’il a juré de me faire la peau, vas y traduit, je t’en supplie Mohand Ouidir ! » Sans attendre la traduction, le lieutenant avait saisi quelques mots qui pouvaient suffire pour comprendre le danger qui guettait mon frère. Suite à cela, il ordonna ferment à tous, en martelant ses mots : - « je vous avertis cette fois, que s’il lui arrive quoique ce soit à ce jeune, vous me le payerez très cher ». Le lieutenant savait tout sur mon frère. Quand on est lieutenant de SAS, inutile de se faire narrer que ce jeune Abdellah était bel et bien issu d’une grande famille de fellaghas. Il savait que le qualificatif dont l’affublait le Harki , le futur fellagha , disait il à qui veut l’entendre, n’était qu’une psychose d’un individu qui se sentait rangé du coté d’une cause qui n’était pas la sienne, et, qui plus est, cette cause ne pouvait le servir dans l’avenir. Mohand T avait senti, ce jour que le pouvoir ne lui appartenait pas et que ses méfait, sa capacité de nuisance étaient, tout de même, limités par L’ordre colonial qui, lui, avait un autre objectif, un autre dessein que de satisfaire l’esprit agressif et belliqueux d’un kabyle faible d’esprit, ignorant ses origines et n’envisageant aucune perspective claire d’avenir pour ses propres idées si tant est qu’il en avait quelques unes. L’histoire retiendra également que ce supplétif zélé ne profitera pas des effets positifs de la France coloniale
Extrait du livre « Kabylie : la guerre vécue » 1954-1962
Du même auteur :
1. fils de fellagha
2. La guerre franco algérienne dans la poésie populaire kabyle
3. la guerre vécue par un chasseur alpin en kabylie
4. les troupes du colonel Amirouche
5. la Kabylie : la guerre vécue-1954-1962
http://www.publibook.com
Merci à Si Hadj Mohand pour cet article.
Adresse Mail : sihadj.abdenour@hotmail.com
Commentaire de sihadj.abdenour (29/02/2008 01:30) :
Tadmait entre deux epoques
Par
Abdenour si hadj Mohand
Extrait de l’ouvrage « les voleurs d’enfance »
Je me suis levée tôt aujourd’hui, je dois aller au travail. Les autres,
qui ne sont pas en âge de travailler, comme les écoliers et les étudiantes,
sont en vacances, mais les difficultés de la vie ne veulent pas, ici
prendre congé des adultes. Je m’ennuie à mort. Nous sommes trois dans la
structure, les ateliers artistiques ne sont pas fonctionnels mis à part le
club enfants où nous devions prendre en charge juste une douzaine
d’enfants. Ma collègue responsable du club enfant étant en formation. Je ne
la remplace pas. Certes, je n’ai pas ses compétences, mais je donne un coup
de main à l’animatrice vacataire qui travaille au club, histoire de ne pas
laisser ces vulnérables créatures dehors pendant les vacances scolaires.
Malheureusement nous ne pouvons pas tous les prendre en mains et ne
pouvant embaucher plus d’animateurs. la demande est là on ne peut la
satisfaire , c’est clair mais j’espère que ça ira mieux par la suite et que
la direction de cette structure tiendra compte de la demande des habitants
en mettant en place des activités en filigrane tant attendues par les
habitants du quartier.
Je n’ai pas fini de parler de Tademaït et son processus de développement
social et sociétal, de cette Algérie profonde. Eventrée de toutes parts,
Tademaït a changé d’apparence, elle a été formatée déformatée, transfigurée
et puis défaite et reconstruite. Elle a été rangée puis dérangée, puis
encore dérangée dans sa configuration. Chacun a voulu lui donner son style.
Je veux dire les gouvernants successifs de cette mairie. Elle est devenue
méconnaissable .Les saletés jonchent les trottoirs. Les rues larges de
Tadmait ne sont pas entretenues. Quand j’étais jeune, il y avait deux
agents d’entretien chargés de nettoyer les rues. Nous étions propres malgré
notre pauvreté. Ma ville était propre, elle avait en plus un charme
pittoresque. On aurait pu en faire une ville touristique avec sidi Ali
Bouneb et créer des emplois pour les jeunes dans la restauration,
l’hôtellerie, dans l’accueil dans beaucoup de domaines aussi. On a misé
sur rien ici, sauf une usine de produits alimentaires, les pâtes, la
semoule, il n’y a plus de blé à Tademaït et je ne comprends pas. On aurait
pu miser sur les produits de cette vallée et mettre en place une micro
économie permettant de faire évoluer l’agriculture. La nappe phréatique de
Tademaït étant très importante, ma parole, je pense que l’on soit en train
de régresser à pas de géants.
Tademaït a perdu sa tranquillité d’antan, elle est devenue une ville de
commerçants et, tous les deux mètres un commerce étale des produits turcs
ou syriens : vêtements parures, comme si on n’était pas suffisamment
intelligents pour créer. Alors, on achète nos produits vestimentaires en
Syrie ou en Turquie quant ce n’est pas dans les pays du golfe. Des
vêtements pendouillent partout, quel cirque ! Quant au prix ma foi c’est à
s’arracher les cheveux par rapport aux revenus. Il n’y a aucune
comparaison. Les salaires sont très bas alors que les prix des produits de
consommation de base flambent. Je tire chapeau au peuple qui a, en
définitive réussi une prouesse : celle de se nourrir et se tenir debout,
construire des maisons. L’état étant lacunaire dans la construction de
logements, alors, il autorise la construction individuelle en vendant des
terrains agricoles. A travers tout le territoire algérien on voit des
villas qui poussent comme des champignons mais qui ne finissent pas. Il y
en a des villas. Des carcasses de villas qui sont là depuis 30ans, quand
ce n’est pas plus. Leurs propriétaires habitent le réz de chaussée et le
haut reste vide. Les moyens ne permettent pas de finir les travaux. On
attend que les enfants grandissent pour que cela finisse Incha Allah.
sihadj.abdenour@hotmail.com |
Commentaire de sihadj.abdenour (29/02/2008 01:31) :
Tadmait entre deux epoques
Par
Abdenour si hadj Mohand
Extrait de l’ouvrage « les voleurs d’enfance »
Je me suis levée tôt aujourd’hui, je dois aller au travail. Les autres,
qui ne sont pas en âge de travailler, comme les écoliers et les étudiantes,
sont en vacances, mais les difficultés de la vie ne veulent pas, ici
prendre congé des adultes. Je m’ennuie à mort. Nous sommes trois dans la
structure, les ateliers artistiques ne sont pas fonctionnels mis à part le
club enfants où nous devions prendre en charge juste une douzaine
d’enfants. Ma collègue responsable du club enfant étant en formation. Je ne
la remplace pas. Certes, je n’ai pas ses compétences, mais je donne un coup
de main à l’animatrice vacataire qui travaille au club, histoire de ne pas
laisser ces vulnérables créatures dehors pendant les vacances scolaires.
Malheureusement nous ne pouvons pas tous les prendre en mains et ne
pouvant embaucher plus d’animateurs. la demande est là on ne peut la
satisfaire , c’est clair mais j’espère que ça ira mieux par la suite et que
la direction de cette structure tiendra compte de la demande des habitants
en mettant en place des activités en filigrane tant attendues par les
habitants du quartier.
Je n’ai pas fini de parler de Tademaït et son processus de développement
social et sociétal, de cette Algérie profonde. Eventrée de toutes parts,
Tademaït a changé d’apparence, elle a été formatée déformatée, transfigurée
et puis défaite et reconstruite. Elle a été rangée puis dérangée, puis
encore dérangée dans sa configuration. Chacun a voulu lui donner son style.
Je veux dire les gouvernants successifs de cette mairie. Elle est devenue
méconnaissable .Les saletés jonchent les trottoirs. Les rues larges de
Tadmait ne sont pas entretenues. Quand j’étais jeune, il y avait deux
agents d’entretien chargés de nettoyer les rues. Nous étions propres malgré
notre pauvreté. Ma ville était propre, elle avait en plus un charme
pittoresque. On aurait pu en faire une ville touristique avec sidi Ali
Bouneb et créer des emplois pour les jeunes dans la restauration,
l’hôtellerie, dans l’accueil dans beaucoup de domaines aussi. On a misé
sur rien ici, sauf une usine de produits alimentaires, les pâtes, la
semoule, il n’y a plus de blé à Tademaït et je ne comprends pas. On aurait
pu miser sur les produits de cette vallée et mettre en place une micro
économie permettant de faire évoluer l’agriculture. La nappe phréatique de
Tademaït étant très importante, ma parole, je pense que l’on soit en train
de régresser à pas de géants.
Tademaït a perdu sa tranquillité d’antan, elle est devenue une ville de
commerçants et, tous les deux mètres un commerce étale des produits turcs
ou syriens : vêtements parures, comme si on n’était pas suffisamment
intelligents pour créer. Alors, on achète nos produits vestimentaires en
Syrie ou en Turquie quant ce n’est pas dans les pays du golfe. Des
vêtements pendouillent partout, quel cirque ! Quant au prix ma foi c’est à
s’arracher les cheveux par rapport aux revenus. Il n’y a aucune
comparaison. Les salaires sont très bas alors que les prix des produits de
consommation de base flambent. Je tire chapeau au peuple qui a, en
définitive réussi une prouesse : celle de se nourrir et se tenir debout,
construire des maisons. L’état étant lacunaire dans la construction de
logements, alors, il autorise la construction individuelle en vendant des
terrains agricoles. A travers tout le territoire algérien on voit des
villas qui poussent comme des champignons mais qui ne finissent pas. Il y
en a des villas. Des carcasses de villas qui sont là depuis 30ans, quand
ce n’est pas plus. Leurs propriétaires habitent le réz de chaussée et le
haut reste vide. Les moyens ne permettent pas de finir les travaux. On
attend que les enfants grandissent pour que cela finisse Incha Allah.
sihadj.abdenour@hotmail.com |
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