Voici quatre poèmes de Si Mohend Ou M'hend du recueil"les poèmes de Si Mohend" Mouloud feraoun ,textes bilingues , éditions minuits..avec une biographie du poète ..
Ceci est mon poème;
Plaise à Dieu qu'il soit beau
Et se répande partout.
Qui l'entendra l'écrira,
Ne le lâchera plus
Et le sage m'approuvera :
Que Dieu leur inspire pitié;
Lui seul peut nous en préserver :
Qu'elles nous oublient, nous n'avons plus rien !
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Ce siècle fait fuir
Qui a enrichi les chiens
Vous êtes brisés, ô nobles coeurs !
Je dois aux méchants mes cheveux blancs,
Ma raison m'a abandonné,
Je suis "le fils dépravé".
Il faut donc me résigner
Puisque le lâche se fait craindre
Tant pis, ô mon âme, tant pis !
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Les règles sont désormais perverties,
C'est ainsi établi
Les vils ont pris le dessus.
Tous les hommes bien nés
Ont pris la forêt
Bravant les affres de l'adversité
Dieu a ainsi destiné ce siècle
Qui nous enserre dans l'inquiétude
Jusqu'à trébucher à chaque pas.
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Toi l'intelligent,
Ne sois jamais
De la compagnie de l'homme hautain
Si tu lui fais appel
Il ira crier sur tous les toits
Et te méprisera à outrance
Alors, sois humble
Eloigne-toi de lui
Apprends à oublier même le paradis lorsqu'il te rejette
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Biographie
Si Mohand Ou M'Hand Ath Hammadouche est né vers 1845 et est mort en 1906 (d'après Boulifa). Si la date de sa mort semble établie, celle de sa naissance est approximative. En effet, l'Etat Civil en Kabylie n'a pas eu d'existence officielle avant 1891. Il naquit donc dans l'ancien village de Chéraïouia où son père Mehand Améziane Ou Hammadouche, originaire de Aguemoun, s'était réfugié pour échapper à une vendetta. Après 1857, le village de Chéraïouia fut rasé et à son emplacement fut édifiée la citadelle de Fort-National (Larbaâ Nath Irathen). L'autorité militaire attribua aux habitants un terrain à 10 Km au nord, près de Tizi-Rached, qui appartenait à une zaouïa.
En fait, la population s'est répartie, pour une faible part sur ce terrain où naquit la nouvelle Chéraïouia, mais pour la plupart aux alentours de Fort-National.
Les parents de Si Mohand s'installèrent à Akbou, au lieu-dit Sidi-Khelifa. Son oncle paternel, Cheikh Arezki Ou Hammadouche, maître en droit musulman y avait ouvert une zaouïa où un taleb enseignait le Coran, non seulement aux enfants de la famille mais aussi à tous ceux du village. C'est là que Si Mohand commença ses études avant de rejoindre l'importante zaouïa de Sidi Abderrahmane Illoulen (Michelet). La famille était aisée et l'enfance de Si Mohand heureuse.
En 1871, lors de l'insurrection, la famille s'est engagée aux côtés de Cheikh El Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Le père, Mehand Améziane fut exécuté à Fort-National, l'oncle Arezki déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs biens confisqués au profit de l'Etat. La famille ruinée et anéantie se dispersa, la mère se retira dans la nouvelle Chéraïouia avec son jeune fils Méziane et là commença la vie de vagabond de Si Mohand, errant de ville en ville. Son frère aîné Akli s'enfuit à Tunis avec l'essentiel des ressources de la famille.
Si Mohand passa quelque 30 ans d'errance entre la Kabylie et la région de Bône (Annaba) où de nombreux Kabyles travaillaient comme ouvriers agricoles ou comme mineurs. Un autre de ses oncles, Hend N'Aït Saïd , était d'ailleurs installé dans les faubourgs de Bône.
Si Mohand mourrut en 1906 à l'hôpital des Soeurs Blanches de Michelet et fut enterré au sanctuaire de Sidi Saïd Ou Taleb.
Source : http://zighcult.canalblog.com/archives/2005/11/13/904815.html